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LLe tourisme intégré, une idée qui voyage

Le terme « tourisme intégré » désigne à l’origine une offre touristique pensée pour permettre à la population locale d’être actrice et maître d’œuvre.

1er juin 2021

Un article de Cléo Schweyer, paru dans le 8e numéro de Pop’Sciences Mag : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

 

Le tourisme intégré est aujourd’hui une stratégie de développement territorial mise en œuvre par des territoires comme le Massif du Puiy de sancy. Ici : le Mont-Dore.
©DR – Wikimédia commons

Des expériences fondatrices sont conduites dès les années 1960 au Sénégal, par le développement de camps gérés selon les traditions et les rythmes saisonniers locaux. Les bénéfices qui en découlent sont affectés au développement communautaire par un système bancaire local. Pour Bernard Schéou (voir l’article « Face au tourisme prédateur, la revanche du terrain« ), ce type d’organisation est la seule qui rende envisageable un tourisme non prédateur, équitable et soutenable.

Comme l’ont montré de nombreux travaux, les formules touristiques présentées comme nouvelles et alternatives, synthétisées par des expressions renvoyant à des valeurs (tourisme dit lent, culturel, de nature, durable, écotourisme, etc.), ne sont pas moins prédatrices que le tourisme dit de masse. Déjà parce qu’elles dépendent en général d’infrastructures lourdes et d’entreprises mises en place dans le cadre du tourisme standardisé. Ensuite, car elles procèdent de la commercialisation des espaces et des cultures. Même la création de parcs et réserves naturelles, considérée comme vertueuse par excellence dans les pays dits développés, est en général perçue comme une dépossession par les populations locales. Déclaré « bien commun de l’humanité », des ressources naturelles revêtant souvent une valeur spirituelle sont ainsi livrées aux visiteurs étrangers.

Remettre le tourisme à sa juste place

Derrière le concept de tourisme intégré, il y a donc la volonté d’une activité touristique remise à sa juste place, à égalité avec les autres activités économiques permettant à une communauté humaine donnée de vivre et se développer. Le tourisme est alors pensé à partir des ressources naturelles et des infrastructures locales, plutôt qu’à partir de normes exogènes qu’il s’agirait d’atteindre.

Porté à l’origine par le monde militant, notamment des acteurs de la coopération internationale dans la période postcoloniale, le tourisme intégré est aujourd’hui une stratégie de développement territorial mise en œuvre par des territoires souhaitant concilier protection de leurs ressources naturelles, bien-être de leurs habitants et maintien d’une activité touristique sur laquelle repose la prospérité de nombreuses régions européennes. Il fait l’objet de plusieurs programmes de recherche en France, notamment dans les zones rurales et montagneuses de d’Auvergne-Rhône-Alpes : programmes MODINTOUR à Clermont-Ferrand ou TANDEM à Grenoble, par exemple.

Le tourisme intégré se prête en effet particulièrement bien au développement ou la reconversion de zones rurales, en permettant à des acteurs économiques locaux, agriculteurs notamment, de valoriser leurs produits par le tourisme et diversifier leurs sources de revenus, notamment via un usage récréatif de leurs terres ou en proposant un hébergement. Outre cette notion de complémentarité, l’ancrage dans la population est recherché : participation des habitants et maximisation des retombées positives. Enfin, une troisième dimension du tourisme intégré est la gouvernance, qui vise à une administration collective du secteur touristique.

Pour aller plus loin : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES