Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences. Le site est en cours de maintenance : il peut apparaître des défauts d'affichage pendant quelques jours. Nous vous remercions pour votre patience et compréhension.

EN SAVOIR PLUS

Ressources

Biologie - santé

Article

Hospices Civils de Lyon

SSébastien Mateo, kinésithérapeute et enseignant chercheur | Visages de la science

Premier kinésithérapeute maître de conférences des universités (MCU) de Lyon depuis septembre 2021, Sébastien Mateo démontre la complémentarité entre la recherche, l’enseignement et le soin.

Septembre 2021, Sébastien Mateo prend ses fonctions à l’Université Claude Bernard Lyon 1 au poste de maître de conférences des universités en sciences de la réadaptation. Une première à Lyon. Aujourd’hui, son activité hospitalière de kinésithérapeute en neurorééducation s’est réduite au profit de la recherche clinique et de l’enseignement. Pour autant, il continue à soigner. Depuis douze ans, il travaille au contact des patients de l’hôpital de médecine physique et de réadaptation Henry Gabrielle, à Saint-Genis-Laval.

Des études au plus près des patients

Les objectifs des travaux de recherche de Sébastien Mateo sont directement inspirés par le quotidien des patients, recrutés durant leur hospitalisation. Actuellement, il coordonne quatre essais cliniques dont trois évaluent les bénéfices de l’imagerie motrice. Cette technique consiste à se représenter mentalement un mouvement. Les études du chercheur ont montré que pour les patients tétraplégiques ou souffrant d’une lésion de la moelle épinière au niveau cervical, le fait de s’entraîner à imaginer un mouvement en complément d’une rééducation kinésithérapeutique améliorent les facultés de préhension.

A l’hôpital Henry Gabrielle / FF – HCL

Une prochaine étude interrogera l’apport des exosquelettes dans le processus de récupération des fonctions motrices chez les patients blessés médullaires, cérébrolésés ou victimes d’un AVC.

« L’objectif est de mesurer scientifiquement l’intérêt de ces dispositifs conçus pour stimuler les fonctions motrices et accélérer la rééducation », détaille-t-il.

La quatrième étude succède à celle débutée au printemps 2020, deux mois seulement après le début du confinement. Impulsée par le Pr Gilles Rode, chef du service de médecine physique et de réadaptation et doyen de la faculté de médecine Lyon Est, elle vise à évaluer l’impact du vélo à électrostimulation dans le processus de récupération des patients. Le dispositif a été développé par le physicien Vance Bergeron (CNRS/ENS de Lyon – Université Claude Bernard Lyon 1) et Amine Metani, ingénieur de recherche à l’ENS de Lyon, en collaboration avec Sébastien Mateo et l’entreprise lyonnaise Kurage.

Lors de la première vague, quatorze patients infectés par le virus Sars-Cov-2, pris en charge à l’hôpital Henry Gabrielle, avaient été inclus dans l’expérimentation. Des hommes en surpoids de 38 à 72 ans, qui ont tous développé une forme sévère de la maladie ayant nécessité une hospitalisation en réanimation, de 21 jours en moyenne, avec mise en place de ventilation et de sédation. Des patients que le kiné a encouragés, soutenus et rééduqués pendant plusieurs semaines sur le chemin du rétablissement dès leur entrée à l’hôpital.

Les résultats de cette première phase exploratoire ont été publiés en 2021. Ils démontrent que l’utilisation du vélo à électrostimulation réduit le temps de sédentarité journalier, soit 200 minutes à un mois de rééducation, chez ces premiers patients comparativement à ceux qui ont utilisé le vélo sans électrostimulation. « Ils vont bien et continuent à progresser », précise le chercheur et soignant. Le second essai randomisé1 actuellement en cours devrait permettre d’établir la preuve scientifique des bénéfices du dispositif.

Des cours à l’hôpital

Si ses cours magistraux se déroulent dans l’enceinte de la faculté de médecine Lyon Est de l’Université Claude Bernard Lyon 1, les travaux dirigés, quant à eux, se passent au sein même de l’hôpital Henry Gabrielle (192 heures de cours dont 60 heures de TD).

« Ramener les cours à l’hôpital c’est innovant » souligne-t-il.

Etudiants ne kiné en cours

©FF-HCL

Cinq TD sont prévus durant l’année universitaire. Ils ont été conçus pour les externes et, accessoirement, pour les internes selon leur disponibilité. Au programme : évaluation des structures articulaires et musculaires, mesures quantitative et qualitative de la mobilité, du tonus, de la raideur, de la force, de la fonction motrice etc. Le dernier TD donnera l’opportunité aux étudiants de voir le déroulé pratique des différentes évaluations abordées lors des TD précédents avec un patient.

C’est dans le pavillon Jacques Bourret de l’hôpital Henry Gabrielle que nous avons pu assister au troisième TD de l’année. En ce lundi d’automne, l’ambiance était à la fois studieuse et détendue.

À chaque cours, l’enseignant commence par expliquer la théorie, avant de compléter par la pratique que les étudiantes appliquent ensuite. Ce lundi-là, la formation portait sur le testing musculaire ou comment pratiquer un examen permettant d’évaluer la force d’un muscle ou d’un ensemble de muscles, selon une échelle allant de 0 à 5.

L’enseignant a pris le temps avec chaque binôme, expliquant avec pédagogie et accompagnant autant que nécessaire les gestes des étudiantes des facultés de médecine Lyon Est et Lyon Sud.

« Il nous fait participer et on apprend mieux », commente Maily, externe vouée à devenir médecin généraliste. « L’enseignement est un beau métier qui permet de garder le contact avec les jeunes, d’actualiser son savoir et de transmettre ses connaissances », partage l’enseignant.

Pour Sébastien Mateo, la suite logique serait de poursuivre le processus engagé avec l’habilitation à diriger les recherches (HDR) qui lui permettrait d’accéder au corps de professeurs des universités. En effet les kinésithérapeutes à l’instar des sages-femmes et des autres professions paramédicales ne bénéficient pas du statut bi-appartenant hospitalo-universitaire des médecins conjuguant les missions universitaires (enseignement et recherche) et hospitalières ou cliniques.

« C’est à l’hôpital où se fait en partie l’enseignement, où l’on rencontre les futurs médecins et où sont les patients. C’est dans ce cadre hospitalier que je mène mes recherches, pour pouvoir prendre les meilleures décisions thérapeutiques et délivrer un enseignement aux étudiants qui soit au plus près des nouvelles avancées. »

Article écrit par la Direction de la marque et de la communication des Hospices Civils de Lyon – Janvier 2022

——————————

Note :

[1] L’essai compare deux groupes (avec ou sans électrostimulation) de patients répartis de façon aléatoire.