Art - Sciences / Collections & Patrimoines Article Université Lumière Lyon 2 LLe chapiteau du cloître de la Daurade : la drôle de cohabitation entre un chasseur, une sirène et un centaure | Collections & Patrimoine ©Université Lumière Lyon 2 Et si on parlait architecture, aujourd’hui ? Voici le moulage d’un Chapiteau du Cloître de la Daurade de Toulouse.Réalisé vers 1180, ce chapiteau* en pierre est conservé à Toulouse, au musée des Augustins (inv. ME178).Le MuMo en conserve un moulage, réalisé entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, visible dans la section Monstres et Mythologie du musée (inv. M230).© Université Lumière Lyon 2Le chapiteau de colonnes jumelles montre des scènes figurées dans des médaillons ménagés dans une abondante végétation. Parmi ces saynètes, on trouve sur les grands côtés une sirène se coiffant, entourée d’un chasseur et d’un centaure*, ainsi qu’une chasse à l’ours. Sur les petits côtés, on a un chasseur monté sur un cheval marin accompagné d’une sirène allaitant et deux hommes nus.Ces représentations ne sont pas anodines, car la sirène et l’ours sont vus comme des êtres démoniaques ; la première est un hybride malveillant, mi-femme mi-oiseau ou mi-femme mi-poisson, et le second est vu comme pervers et paresseux. Néanmoins, l’omniprésence du thème de la chasse associée à ces créatures pourrait être une illustration de la lutte entre le Bien et le Mal.© Université Lumière Lyon 2Le prieuré Notre-Dame de la Daurade est connu comme lieu de culte depuis le Ve siècle ap. J.-C., mais se dote d’un cloître pour accueillir la vie communautaire que suppose un monastère à partir de 1100. Ce bâtiment ne doit pas son nom de « Daurade » à un quelconque poisson mais à la mosaïque à fond d’or qui l’ornait ; ce terme signifie en réalité « la dorée ».Le cloître, d’où provient ce chapiteau, a été détruit aux XVIIIe et XIXe siècles si bien qu’on ne sait pas exactement restituer l’emplacement des morceaux de décors qui ont pu être préservés. Les spécialistes distinguent trois phases de création pour ces chapiteaux : un premier atelier serait intervenu vers 1100, un second 20 ans plus tard, un troisième vers 1180. A chaque atelier on associe des chapiteaux qui ont des caractéristiques particulières.Celui qui nous occupe appartient à un quatrième groupe qui réunit tous les éléments de décors issus du cloître qui ne sont pas stylistiquement homogènes. Néanmoins, parmi les grands traits qui permettent de définir ce quatrième ensemble, on trouve la miniaturisation et la primauté de l’ornementation végétale sur les figures humaines, ce qui se retrouve tout à fait sur notre chapiteau.Cette œuvre nous donne un témoignage du raffinement des décors religieux créés dans la région toulousaine au XIIe siècle.Nous ne savons pas exactement comment le moulage de ce chapiteau est entré en possession du Musée des Moulages, mais il a probablement été réalisé au tournant des XIXe et XXe siècles. Il dispose d’un jumeau à Paris, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (inv. MOU.00214).Ce chapiteau illustre l’utilisation abondante qui a été faite des animaux et créatures mythologiques dans l’art médiéval. D’autres œuvres de ce type sont présentées par le MuMo, dans la section Monstres et Mythologie… Nous espérons bientôt pouvoir vous y accueillir !Glossaire*Chapiteau : Il s’agit d’un élément d’architecture qui fait la jonction entre une colonne et la structure qu’elle supporte. Souvent de forme évasée, le chapiteau est parfois décoré de motifs végétaux ou comme ici, de scènes figurées.*Centaure : un centaure est une créature mythologique hybride, mi-homme mi-chevalLina Roy – Musée des moulages – Université Lumière Lyon 2En savoir plus : MuMo