PPluie en ville : et si la nature faisait mieux que le béton ? | #2 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau Face aux inondations, à la pollution et aux îlots de chaleur en ville, le béton montre ses limites. Et si la solution était… le vert ? Forêts urbaines, tranchés végétalisées, toits perméables : les Solutions fondées sur la Nature (SfN) s’imposent comme une alternative durable aux infrastructures classiques. Certaines villes tentent déjà le pari de ramener la nature en ville pour mieux gérer l’eau. Simple effet de mode ou vraie révolution urbaine ? Tour d’horizon des connaissances actuelles.Un article rédigé par Arnaud Foret, Clément George, Coline Héritier, Océane Joet, Margaux Pred’Homme, étudiants du master 2 IWS de Lyon et la classe de terminale BFI du lycée Jean Perrin (Lyon) de Mr Jonatan Christiansen (la liste des élèves est mentionnée en fin d’article) – Avril 2025Et si ajouter du vert était une réponse concrète à un monde qui vire au gris ? La fréquence et l’intensité des événements climatiques extrêmes dans le monde, telles que les fortes précipitations, les tempêtes et les inondations augmentent avec le réchauffement climatique. L’urbanisation, qui a fortement augmenté au cours des 50 dernières années, rend d’autant plus vulnérable les populations urbaines (54 % de la population mondiale) par les impacts qu’elle entraîne.Parmi les impacts de l’urbanisation, on retrouve l’imperméabilisation des sols (zones où l’eau ne peut plus s’infiltrer), la pollution de l’air, de l’eau et des sols, la destruction d’habitats de certaines espèces animales et végétales, l’augmentation du ruissellement (eau qui s’écoule à la surface du sol), l’aggravation des risques d’inondation, les îlots de chaleur urbains* (zones où il fait plus chaud qu’ailleurs à cause des surfaces en béton et activités humaines).Certains de ces impacts négatifs posent des défis dans la gestion de l’eau en ville, qui ont été compensés par la mise en place d’infrastructures dites grises, en référence à leur matériau principal de construction : le béton. On y retrouve, par exemple, les usines de traitement des eaux (permettant de filtrer les polluants de l’eau), les réseaux d’égouts (permettant d’évacuer les eaux de ruissellement et les eaux usées). Ces infrastructures démontrent une certaine efficacité, mais certains choix de construction comme le raccordement des eaux pluviales au réseau d’eaux usées, provoquent, entre autres, des rejets dans le milieu naturel et des inondations urbaines lors d’épisodes pluvieux intenses, car les réseaux ne sont pas conçus pour réceptionner autant de rejets à la fois.C’est ici que le vert intervient ! Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) ont été développées en réponse à l’inefficacité des infrastructures grises. Ces solutions utilisent et s’inspirent des mécanismes et processus naturels des écosystèmes* en les appliquant dans les villes. Parmi ces SfN, on retrouve les forêts urbaines (qui sont de grands espaces densément plantés d’arbres), mais aussi les arbres de pluie (plantés en alignement le long des routes et des boulevards) ainsi que les jardins partagés. Ces lieux, au-delà du bien-être qu’ils procurent aux habitants, permettent également la pénétration des eaux de pluies dans le sol, ce qui réduit la quantité d’eau restant en surface et provoquant des inondations. Pour que les SfN soient efficaces, il est important de choisir des espèces végétales (arbres, buissons) qui sont adaptées au climat de la ville, et ayant une esthétique agréable, mais également avec des caractéristiques particulières. Par exemple, la largeur de leurs feuilles et la profondeur des racines sont déterminantes dans leur capacité à faire pénétrer plus facilement l’eau dans le sol et à l’absorber, contrairement aux zones bétonnées, où l’eau ruisselle rapidement à la surface et peut provoquer des inondations.Les villes réinventent leur rapport à l’eauAujourd’hui, les SfN se démocratisent en milieu urbain, et de nombreux exemples existent aujourd’hui à travers le monde. Nous aborderons deux exemples notables.À Albufeira au Portugal, la rivière traversant la ville a été canalisée et enterrée avec l’extension de la ville, entrainant des inondations dues au ruissellement et au manque d’espace laissé à la rivière. Un ambitieux projet vise aujourd’hui à créer un “couloir vert”* autour d’elle, intégrant des SfN : zones humides* pour améliorer la qualité de l’eau et favoriser la biodiversité, jardins et prairies humides pour limiter le ruissellement*, revêtements perméables (béton spécial qui laisse passer l’eau) pour l’infiltration de l’eau de pluie, zones végétalisées pour permettre aux crues de se répendre ailleurs que dans la ville, … Cet ensemble permettra ainsi de lutter contre les inondations, mais également de refroidir la ville pendant les vagues de chaleur. De plus, les SfN créent des habitats pour la faune et la flore, tout en offrant des espaces de nature et de loisirs pour les habitants. Cette diversité d’effets montre la capacité des SfN à répondre à de nombreuses problématiques.Le concept de couloir vert d’Albufeira. ©Blau, Luz, et Panagopoulos 2018Autre exemple, le campus de LyonTech – la Doua à Villeurbanne, où trois générations de SfN coexistent pour gérer les eaux pluviales. La première repose sur des bassins, recueillant puis infiltrant les eaux de pluie dans les sols, via un réseau de tuyaux, nécessitant de l’espace et des infrastructures coûteuses. La deuxième est similaire, mais optimise l’espace en introduisant des infrastructures multifonctionnelles comme des terrains de sport ou des espaces verts servant de zones d’infiltration. La troisième, quant à elle, a pour but de réduire le ruissellement à la source via des tranchées drainantes, des revêtements de routes perméables, des fossés végétalisés… qui s’intègrent au paysage, et, ensemble, couvrent de larges surfaces.Depuis 2016, le programme scientifique Micromégas évalue l’efficacité des SfN dans la gestion des micropolluants et du ruissellement, faisant de ce campus un “laboratoire” à ciel ouvert. Les résultats montrent une forte réduction du ruissellement, et une diminution de plus de 50% des pesticides et métaux lourds, grâce, notamment, à la filtration du sol.Cependant, créer une “culture de site”* est nécessaire pour sensibiliser et impliquer les usagers, et réduire les polluants. Ce concept désigne les pratiques et connaissances spécifiques dans un lieu donné. Des panneaux informatifs pourraient, par exemple, être installés, ce qui n’est pas encore le cas.Entre recherche scientifique et gestion des eaux pluviales du campus de la Doua, des dispositifs techniques à la source de l’OTHU, les flèches bleues représentent l’arrivée de l’eau. © Arnaud Foret, 2024. Limites, enjeux et perspectives : le cœur des défisLes SfN sont de plus en plus valorisées pour leur rôle dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, attirant l’attention des décideurs politiques. Présentées comme plus rentables et démocratiques que leurs alternatives techniques, elles sont toutefois confrontées à des limites, notamment des coûts élevés, une dépendance à d’autres solutions et des contraintes d’espace en milieu urbain.Leur efficacité reste difficile à évaluer en raison d’une grande variabilité des données, compliquant la comparaison avec les solutions d’ingénierie civile. Un suivi à long terme est essentiel pour mesurer leurs effets et établir des directives claires. Par ailleurs, la distinction entre SfN et solutions techniques mérite d’être approfondie, certaines infrastructures étant classées différemment selon les approches. Cela est problématique car la définition des SfN reste floue. Un exemple emblématique est celui des bassins d’infiltration. Initialement considérés comme des SfN, ils sont aujourd’hui souvent classés parmi les solutions d’ingénierie civile en raison des travaux considérables qu’ils impliquent.Enfin, bien que les SfN fassent l’unanimité au sein de la communauté scientifique, leur rôle dans une “urbanisation durable”* doit être mieux précisé. Il est essentiel de démontrer concrètement comment elles contribuent à une gestion respectueuse de la ressource en eau.SourcesBlau, M. L., Luz, F., & Panagopoulos, T. Urban River Recovery Inspired by Nature-Based Solutions and Biophilic Design in Albufeira, Portugal. Land, 7(4), Article 4. (2018).Comby, É., Rivière-Honegger, A., Cottet, M., Ah-Leung, S., & Cossais, N. Les « techniques alternatives » sont-elles envisagées comme un outil de gestion qualitative des eaux pluviales ? Développement durable et territoires. Économie, géographie, politique, droit, sociologie, Vol. 10, n°3, Article Vol. 10, n°3. (2019).GRAIE, BACOT, L., BARRAUD, S., INSA, L. D., HONEGGER, A., & LAGARRIGUE, C. Devenir des micropolluants au sein des ouvrages de gestion des eaux pluviales a la source ou centralisés. (2020).UICN. Les Solutions fondées sur la Nature. UICN France. (2024).GlossaireCouloir vert : Un corridor ou couloir vert est un couloir de végétation, permettant la présence de milieux naturels et végétalisés, et la circulation des espèces animales et végétales.Culture de site : La culture de site désigne les pratiques et connaissances spécifiques dans un lieu donné, intégrant les conditions environnementales, les dynamiques écologiques et les usages humains. Cela peut inclure la gestion durable des ressources naturelles ou l’adaptation des pratiques agricoles et forestières aux particularités locales.Écosystème : un écosystème est un ensemble formé par une communauté d’êtres vivants, animaux, végétaux et champignons (biocénose), en interaction les uns avec les autres et avec leur environnement physique (biotope).Expansion des crues : Les zones d’expansion des crues sont des espaces naturels ou aménagés où se répandent les eaux lors du débordement des cours d’eau dans leur plaine inondable, protégeant les milieux urbains alentours et à l’aval.Îlots de chaleur : zones urbaines où la température est nettement plus élevée que dans les zones environnantes, en raison de l’absorption et de la conservation de la chaleur par des surfaces urbaines telles que l’asphalte et le béton.Ruissellement : En hydrologie, le ruissellement est l’écoulement des eaux à la surface de la terre, notamment la surface des sols, contrairement à celle y pénétrant par infiltration.Urbanisation durable : L’urbanisme est durable lorsque l’aménagement est conçu sur le long terme. Il favorise une gestion raisonnée des ressources naturelles, telles que l’eau, tout en mettant en place des solutions pour adapter les territoires aux effets du changement climatique.Zones humides : les zones humides sont des milieux naturels caractérisés par la présence d’eau, qu’elle soit en surface ou dans le sol, de façon permanente ou temporaire.Ont participé au travail d’écriture de cet article, en collaboration avec Arnaud Foret, Clément George, Coline Héritier, Océane Joet, Margaux Pred’Homme, étudiants du master 2 IWS (par ordre alphabétique) : BADOIL Emeline, BARBEROT Elin, BUI-LIGOUZAT Myanh, BURGER Marie, FARENC Jeanne, GAÏDI Sara, GODÉ Eulalie, LEFEBURE Rachel, POIZAT Elodie, STOYANON Yani, WERQUIN-THEISMANN Léopoldine-Chan
EEtude Purple : c’est parti ! En 2025, les Français consacrent en moyenne deux heures par jour à l’utilisation des réseaux sociaux, principalement à Facebook, Tiktok, X, Youtube, Instagram et Snapchat.Sources d’avantages indéniables, les réseaux sociaux soulèvent également des préoccupations quant à leur conséquences sur la santé mentale et le bien-être. Ces conséquences sont aujourd’hui mal-connues, notamment parce qu’il existe beaucoup d’usages différents des réseaux sociaux, n’ayant probablement pas les mêmes impacts sur la santé. On peut utiliser les réseaux sociaux pour rester en contact avec la famille et les amis, regarder des vidéos, s’informer, faire des achats, passer le temps, se relaxer, trouver de l’inspiration, apprendre de nouvelles choses, etc. (1). Or, la plupart des études qui ont été menées sur le sujet ne prennent pas cet aspect en compte, s’intéressant seulement au temps passé sur les réseaux sociaux.Le Services Hospitalo-Universitaires d’Addictologie de Lyon lance cet appel à participation dans le cadre de PURPLE : Prévalence de l’Usage problématique des Réseaux sociaux en Population généraLE. Si vous avez plus de 13 ans, vous pouvez y participer (l’enquête est anonyme).> L’étude vise à répondre à plusieurs questions : Quelle est la proportion de français ayant un usage problématique des réseaux sociaux ?Y a-t-il un type d’usage des réseaux sociaux plus/moins associé à des symptômes anxieux, dépressifs, à des troubles du sommeil ou à d’autres troubles psychiatriques ?Les parents qui s’auto-régulent sur les réseaux sociaux ont-ils tendance à plus réguler l’usage de leurs enfants ?>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : Addictolyon©Addictolyon
MMa Thèse en 180 secondes 2025 : découvrez nos finalistes et assistez à la finale locale Concours international francophone lancé au Québec, Ma Thèse en 180 secondes est de retour en France pour sa 12e édition. Inspiré de Three Minute Thesis (3MT®), il est porté, en France, par France Universités et le CNRS, et est décliné en local par les regroupements universitaires volontaires.Sur le site Lyon Saint-Étienne, c’est l’Université de Lyon qui organise le concours au nom de l’ensemble de ses membres. La finale locale Université de Lyon du concours se déroulera mardi 20 mars 2025.Ma Thèse en 180 secondes propose aux doctorants de présenter, devant un jury et un auditoire profane et diversifié, leur sujet de recherche en termes simples. Douze doctorantes et doctorants du site Lyon Saint-Étienne exposeront, en 3 minutes, de manière claire, concise et néanmoins convaincante, leur projet de recherche. Un jury composé de chercheurs, journalistes et représentants du monde socio-économique décernera trois prix. Vous aurez également la possibilité de décerner le prix du public en assistant à la finale !Le 1er prix du jury et le prix du public seront les deux lauréats Université de Lyon qui accéderont à l’étape nationale du concours.>> Assistez à la finale en présentiel ou suivez-la en direct sur le compte Facebook de l’Université de Lyon et sur la chaîne YouTubeDécouvrez les 12 candidats
CComment le discours médiatique sur l’IA empêche d’envisager d’autres possibles | The Conversation Une des sept stratégies discursives caractéristiques de l’impensé est le fait de « jouer à se faire peur » (extrait de la bande dessinée de science-fiction MediaEntity, de Simon & Émilie). | ©MediaEntity/Simon & Émilie, CC BY-NC-SALe Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle se tient à Paris du 6 au 11 février 2025. C’est l’occasion de rappeler l’existence d’une boîte à outils pour révéler les angles morts des discours sur le numérique. Autour du concept d’« impensé numérique », ces outils de compréhension sont précieux pour garder la tête froide face à l’irruption de l’IA générative dans notre quotidienAu printemps 2023, des personnalités aussi diverses qu’Elon Musk, Yuval Noah Harari ou Steve Wozniak s’associaient à plus de 1 000 « experts » pour mettre en garde face aux « risques majeurs pour la société et l’humanité » que représente l’intelligence artificielle et demander une pause de six mois dans l’entraînement des modèles plus puissants que GPT-4. Du Monde au Figaro, en passant par France Info ou Libération, les médias ont volontiers relayé les termes de ce courrier qui appelle à une pause pour mieux affirmer le caractère inéluctable et la toute-puissance des systèmes d’IA à venir.Ce qui frappe dans la réception médiatique immédiate de ce courrier, c’est la myopie face à un processus théorisé depuis maintenant bientôt 30 ans : « l’impensé numérique » (ou informatique, avant lui). Ce concept d’« impensé » désigne les stratégies discursives par lesquelles la technologie est présentée comme une évidence, souvent sous l’influence des acteurs dont elle sert les intérêts économiques ou politiques.La lettre ouverte de l’institut Future of Life en est un cas d’école : selon elle, l’intelligence artificielle est un outil puissant, il est déjà là, et il est appelé à être encore plus présent et plus puissant à l’avenir pour le plus grand bien de l’humanité.Comment repérer l’impensé numérique ?Sept marqueurs discursifs devraient vous mettre la puce à l’oreille. Pour illustrer cette « boîte à outils », la lettre ouverte d’Elon Musk et consorts, qui prétend pourtant appeler à faire une pause, présente avantageusement tous les marqueurs discursifs de l’impensé, quoique l’on puisse également l’appliquer au très sérieux rapport Villani qui plaidait en 2018 pour une stratégie nationale et européenne en matière d’IA :Dans ce type de discours, l’objet technique se présente comme neutre : il revient à l’humanité de s’en servir à bon escient, sa seule existence lui sert de justification.Avec le sommet pour l’action sur l’IA, la question consiste à « développer massivement les technologies et les usages de l’IA dans l’ensemble des pays du monde ». Présentée sans surprise comme inéluctable, l’IA reste bien entendu menaçante puisqu’on se demande « comment réussir le virage de l’IA en ne laissant personne de côté et en préservant nos libertés ? » Mais on entrevoit un avenir radieux grâce à la mobilisation de « plus d’un millier d’acteurs […] venus de tous les continents ».Pour « faire en sorte que les usages de l’IA correspondent à nos valeurs humanistes et que cette technologie puisse être mise au service du collectif et de l’intérêt général ».Cette ambivalence entre les plus grandes craintes et les plus grands espoirs envers la technique constitue sans doute le mécanisme le plus retors de l’impensé : cela contribue à affirmer sa puissance (elle est dangereuse) et son potentiel (faites confiance aux experts). Cela alimente également le pseudodébat sans lequel l’intérêt médiatique retomberait. L’informatique, le numérique, l’IA sont déjà là, nul besoin de produire un travail historique sérieux à leur sujet, le storytelling des réussites entrepreneuriales suffit.L’impensé forme un cercle vicieux avec le glissement de la prérogative politique…L’impensé est indissociable de deux autres processus avec lesquels il forme un véritable cercle vicieux : le glissement de la prérogative politique et la gestionnarisation.À la faveur de l’impensé numérique, des outils détenus par des acteurs privés sans légitimité électorale ou régalienne déterminent jusqu’à l’accès du public à l’information. Un exemple en est la plate-forme X (anciennement Twitter), qui est scrutée par les journalistes parce qu’elle est alimentée par les personnalités publiques et politiques, ainsi que par les institutions publiques. Lorsqu’une plate-forme privée porte une parole politique, nous sommes dans ce que l’on appelle le « glissement de la prérogative politique ».En effet, lorsque des acteurs privés déploient des technologies de manière systématique, depuis les infrastructures (câbles, fermes de serveurs, etc.) jusqu’aux logiciels et applications, cela revient à leur déléguer des prises de décisions de nature politique. Ainsi, face à un moteur de recherche qui domine notre accès à l’information et occupe une place qui relèverait d’un véritable service public, nous sommes en plein dans un glissement de la prérogative politique.On observe le même phénomène lorsque le gouvernement français préfère recourir aux cabinets de conseil plutôt qu’à l’expertise universitaire. Des cabinets, dont les recommandations privilégient volontiers le recours systématique aux technologies numériques.… et avec la gestionnarisationAujourd’hui, les outils numériques ne nous permettent pas seulement de gérer diverses activités (banque, rendez-vous médicaux…), ils sont aussi et surtout devenus incontournables pour effectuer ces tâches. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous fondre dans les catégories que ces outils nous imposent. Il n’est pas toujours facile de prendre rendez-vous avec un ou une secrétaire médical, par exemple, ou de faire sa déclaration d’impôts sur papier. C’est ce que l’on appelle la « gestionnarisation ».Cette « gestionnarisation » témoigne aussi d’un glissement. Par exemple, l’outil d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup s’impose désormais aux lycéens et à leurs familles. Or cet outil porte une dimension politique aux conséquences critiquables, telles que l’exclusion de certaines catégories de bacheliers ou l’accentuation de la mise en concurrence des formations. Dans la gestion, l’outil est second par rapport à l’activité ; avec la gestionnarisation, l’outil devient premier : Parcoursup a pris le pas sur le besoin auquel il est censé répondre.Dans notre quotidien, pour visiter une nouvelle région, choisir le menu de son dîner comme pour rencontrer l’âme sœur, chacun saisit docilement les informations attendues par les plates-formes de consommation numérique. Lorsque l’on mène une activité sportive en s’équipant d’un bracelet qui traite, mémorise et fait circuler un ensemble de données biométriques, celles-ci deviennent le modèle que l’on suit, plutôt que le ressenti de son corps, dans une sorte d’« auto-gestionnarisation ».Dûment identifiés et profilés par nos outils, nous contribuons sans réserve aux profits économiques de firmes dont l’essentiel des revenus échappe à l’impôt… Et donc au pouvoir démocratique déjà ébranlé par le glissement de la prérogative politique.Le cas d’Elon Musk illustre parfaitement le glissement de la prérogative politique et la « gestionnarisation ». Invité controversé au sommet pour l’action sur l’IA, il a cosigné la lettre ouverte faussement alarmiste de l’institut Future of Life alors qu’il lançait sa propre start-up d’IA générative. Première fortune mondiale, il n’hésite pas à interpeller avec mépris des hommes politiques européens démocratiquement élus, à intervenir dans la guerre en Ukraine ou à instrumentaliser son média social pour promouvoir son idéologie : c’est le glissement de la prérogative politique. Depuis son élection, Donald Trump l’a investi d’une véritable mission de « cost killer » en chef des USA. Pourtant, Musk n’est pas élu et ne fera pas parti en tant que tel du gouvernement américain : il promeut une logique extrême de la « gestionnarisation » contre l’État fédéral.Productivité du numérique et management numérique (Enjeux sociopolitiques du numérique, Dominique Boullier).Critiquer… et agirLe numérique n’est pas cet avenir tantôt infernal tantôt radieux que nous promettent ses « impenseurs » : ce n’est qu’une catégorie pour désigner un ensemble d’objets techniques et de dispositifs sociotechniques qui doivent être interrogés et débattus au regard de leur action politique et sociétale.Alors que l’impensé focalise notre attention sur l’IA, peut-être avons-nous davantage besoin d’outils nouveaux (dans lesquels il peut y avoir de l’IA) afin de mieux organiser l’expression (numérique) de notre intelligence face aux enjeux qui exigent des décisions collectives inédites. Climat, démocratie, environnement, santé, éducation, vivre-ensemble : les défis ne manquent pas.Dans cette perspective, nous vous invitons à découvrir le service de navigation web contributive Needle. Nourrie par le concept d’« impensé », cette proposition radicalement différente d’accès et de partage de contenus numériques mise sur l’intelligence collective. Needle est une plate-forme de mise en relation qui matérialise l’espérance d’un environnement numérique riche du maillage et de l’exploration curieuse de toutes et tous, en lieu et place du réseau de lignes droites par l’entremise desquelles des intelligences artificielles devraient nous désigner quels documents consulter.Après avoir entièrement refondu Needle, aujourd’hui plus robuste et réactive qu’à sa « sortie du labo », son éditeur projette de se transformer en société coopérative d’intérêt collectif. En effet, comme toute innovation sociale, l’émergence d’alternatives face aux plates-formes toxiques devra s’appuyer sur des structures de l’économie sociale et solidaire. Reste à réunir des partenaires attachés à concrétiser des propositions nourries de la nécessaire critique des techniques et de leur place dans nos sociétés.Les auteurs : Julien Falgas, maître de conférences au Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine, Pascal Robert, professeur des universités, École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques – Enssib ; Laboratoire elico, Université de LyonCet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original.The Conversation
ÉÉpidémies : de la détection à l’alerte | « Dis pourquoi ? » ©RCF radioDis Pourquoi ? est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.> Émission du 29 novembre 2024Philippe Vanhems est professeur d’épidémiologie et de santé publique aux Hospices civils de Lyon et au Centre international de recherche en infectiologie. Il a participé au comité scientifique du numéro 14 du Pop’Sciences Mag « Santé[s], une vision globale » de l’Université de Lyon, à paraître le 4 décembre. Il a notamment été interrogé dans un article portant sur l’épidémiologie et la surveillance des épidémies.Écoutez le podcast :>> Écouter les podcasts des autres intervenants Pop’Sciences :Comprendre les concentrations de microplastiques dans les eaux de ruissellementQuelles questions éthiques soulève l’IA en santé ?Le génie végétal au service des villesComment transmettre la danse jazz aujourd’hui ?L’étonnante capacité des muscles à se régénérerLa reconstruction du paysage littoral de la cité étrusque de Populonia en BDL’archéologue sonore au chevet des sons de Notre-Dame de ParisOne Health : pour une approche pluridisciplinaire de la santé>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :RCF LyonPPour aller plus loinSurveiller les santés humaine et animale interdépendantes, Article Pop’Sciences Mag#14 – Décembre. 2024Pop’Sciences Mag#14
IInnover pour l’alimentation de demain Comment innover pour l’alimentation de demain ? Comment passer de l’idée à la mise sur le marché d’un produit alimentaire innovant ?Stéphanie Tabaï, responsable de l’incubateur Foodshaker de l’école d’ingénieurs en agriculture et agroalimentaire – ISARA – de Lyon et intervenante lors de Meet & Fabrik, qui a eu lieu en juin 2024, nous explique les enjeux de l’innovation dans ces filières.La conférence met en lumière des initiatives prometteuses pour repenser notre système alimentaire et construire un avenir durable.>> Lire l’article sur le site de : La fabrique de l’innovation
LLa Nuit de la Recherche Les chercheurs et chercheuses de Saint-Étienne et Lyon sont ravis de vous retrouver pour la 6e édition stéphanoise de La Nuit de la Recherche organisée par La Rotonde, l’évènement immanquable de cette rentrée. Le temps d’une soirée inoubliable, une soixantaine de scientifiques sortent de leurs laboratoires pour vous rencontrer et répondre à toutes vos questions.Partez à la rencontre des « personnes qui font la recherche » au détour d’ateliers, d’expériences et de nombreux îlots de rencontres spécialement conçus pour briser les codes. Rejoignez les et préparez-vous à être surpris !>> Au programme (PDF disponible ici) : Balades urbainesRencontres intimistesAteliersSpeed-searchingExpositionsPop-culture… Vous l’aurez compris, bonne humeur et convivialité seront une nouvelle fois au rendez-vous de cette belle rencontre entre public, et acteurs et actrices de la recherche de toutes disciplines !Cette année, La Nuit de la Recherche s’inscrit dans le programme de la Fête de la Science !>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :La rotondeLLes laboratoires participants>> Laboratoires et organismes de recherche lyonnais : Centre de Recherche iaelyon Magellan – Université Jean Moulin Lyon 3Éducation Cultures Politiques (ECP) – Université Claude Bernard Lyon 1Équipe de Neuro-Éthologie Sensorielle (ENES) – CNRS / Labex CeLya Université de LyonLaboratoire Interuniversitaire de la biologie de la motricité (LIBM) – Université Claude Bernard Lyon 1UMR 5600 Environnement Ville Société (EVS) – CNRS / Université Jean Moulin Lyon 3 / Université Lumière Lyon 2 / ENS de LyonLaboratoire de Tribologie et Dynamique des Systèmes (LTDS) – École centrale de LyonU1028 Centre de Recherche en Neurosciences UMR5292 – CNRS / Université Claude Bernard Lyon 1Triangle – UMR 5206 – Action, discours, pensée politique et économique – Université de Lyon / ENS de Lyon / Université Lumière Lyon 2>> Laboratoires et organismes de recherche stéphanois :Laboratoire de Géologie de Lyon Terre – Planètes – Environnement (LGL-TPE)Pôle Collections de Géologie & Patrimoines – Mines Saint-ÉtienneLaboratoire Hubert Curien – Université et IUT Jean MonnetGroupe sur l’Immunité des Muqueuses et Agents Pathogènes (GIMAP) – CHULaboratoire d’Informatique, de Modélisation et d’Optimisation des Systèmes (LIMOS, CIS) – Mines de Saint-ÉtienneLaboratoire Coactis – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneLaboratoire Georges Friedel (LGF) – Mines de Saint-ÉtienneLaboratoire Dynamique du Langage (DDL) – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneÉquipe de Neuro-Éthologie Sensorielle (ENES) – CNRS / Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneLaboratoire Interuniversitaire de la biologie de la motricité (LIBM) – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneLaboratoire Études du Contemporain en Littératures, Langues, Arts (ECLLA) – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneLaboratoire de Biotechnologies Végétales appliquées aux Plantes Aromatiques et Médicinales (LBVpam) – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneU1059 INSERM – SAINBIOSE – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneUMR 5600 Environnement Ville société (EVS) – CNRS / Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneÉtudes du Contemporain en Littératures, Langues, Arts (ECLLA) – Université Jean Monnet de Saint-ÉtienneTriangle – UMR 5206 – Action, discours, pensée politique et économique – Université Jean Monnet de Saint-Étienne
##FDS2024 | Fête de la science – Édition 2024 : du 4 au 14 octobre Initiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la Fête de la Science est la plus importante manifestation dédiée à la recherche et à l’innovation. La 33e édition se déroulera partout en France en octobre. Du 4 au 14 octobre 2024 Sur la Métropole de Lyon et le département du RhônePour cette 33e édition, la Fête de la science propose une thématique d’actualité : Océan de savoir Cette année, la thématique nationale de la Fête de la science vous invite à prendre le large ! Une thématique riche qui se place au cœur des préoccupations actuelles de notre société, du partage des connaissances jusqu’aux engagements politique des citoyens au service de la protection de la mer et de la conservation de notre patrimoine maritime.Pour tout savoir sur la programmation, consultez la page dédiée à l’évènementPPour les scolairesConsultez le programme dédié au public scolaire en cliquant ici—————————————–Dans la métropole lyonnaise et le département du Rhône, cet évènement est coordonné par Pop’Sciences – Université de Lyon avec le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Métropole de Lyon, de la ville de Villeurbanne, et le soutien de l’État et de l’Académie de Lyon.
LL’AI Act, ou comment encadrer les systèmes d’IA en Europe | The Conversation Depuis que les intelligences artificielles (IA) génératives, telles que ChatGPT pour le texte ou Stable Diffusion pour les images, sont entrées dans nos vies, elles ne laissent personne indifférent et suscitent fascination et crainte. Une machine peut en effet accomplir certaines tâches mieux qu’un humain, mais aussi commettre des erreurs. Entre les mains d’acteurs malintentionnés, une IA peut aussi servir à réaliser des deepfakes (contenus trompeurs) ou à influencer un résultat électoral.Si laisser une machine résumer un texte semble peu risqué, la prise de décision automatisée par IA dans des contextes plus ou moins sensibles nécessite d’évaluer les risques et de les encadrer. Alors que le secteur de l’IA connaît une expansion fulgurante, la question de la réglementation de l’IA devient un sujet de préoccupation majeur pour les États. C’est donc dans ce contexte de course à l’encadrement que l’Union européenne (UE) entend promouvoir sa vision de la réglementation sur l’IA avec l’AI Act.Pourquoi l’AI Act ?Si l’UE manque encore de fleurons qui pourraient lui permettre de concurrencer les États-Unis et la Chine, il est un terrain où elle peut véritablement s’affirmer : celui de la régulation. En effet, au travers de l’AI Act, l’UE se met ainsi en capacité d’imposer ses règles aux autres acteurs en conditionnant l’accès au marché européen au respect de ses valeurs. C’est une étape décisive vers son objectif d’incarner un modèle de réglementation.L’approche européenne s’articule autour du concept d’« IA digne de confiance » (ou trustworthy AI) et vise à faire de l’UE la pionnière des IA « légales », « éthiques » et « robustes ». Selon Carme Artigas, secrétaire d’État espagnole à la numérisation et à l’intelligence artificielle, il s’agit de « stimuler l’innovation et l’adoption de l’intelligence artificielle dans toute l’Europe tout en respectant pleinement les droits fondamentaux de nos citoyens. » Le défi est de taille, tant les enjeux politiques, économiques, et sociaux sont considérables. Le 13 mars dernier, les ambitions de l’UE se sont concrétisées avec l’adoption par le Parlement européen de l’AI Act au terme d’une longue procédure.L’AI Act dans sa version préfinale prévoit des obligations variables en fonction du système ou du modèle d’IA et de son impact. L’étendue des obligations s’imposant aux fournisseurs et utilisateurs est proportionnelle aux risques d’atteinte aux droits fondamentaux posés par ces derniers. Ce faisant, il distingue entre les dispositifs d’IA posant des risques inacceptables pour les Européens, ceux posant des risques systémiques, ceux à haut risque, et enfin les dispositifs à risques faibles ou limités.Une réglementation qui distingue différents niveaux de risqueLe règlement interdit d’abord les pratiques posant des risques inacceptables. Il s’agit des systèmes les plus intrusifs dont les usages peuvent avoir des conséquences néfastes démesurées sur les droits des usagers, comme l’utilisation de systèmes d’IA à des fins de manipulation pour influencer le comportement des individus (scandale Cambridge Analytica, analyse des données personnelles d’électeurs afin d’influencer leurs intentions de vote), les systèmes d’IA permettant de mettre en place un crédit social, et, sauf exception, les dispositifs d’identification à distance des personnes sur la base de caractéristiques personnelles comme la reconnaissance faciale algorithmique.Ajoutés tardivement dans le règlement, les modèles de fondation (ou general-purpose AI models), de grands modèles d’intelligence artificielle exploitant de larges quantités de données et pouvant être adaptés pour effectuer plusieurs types de tâches, font l’objet d’un régime distinct. En fonction de leurs capacités, ils pourront être considérés comme posant un « risque systémique ». Cette catégorie concerne notamment ChatGPT dans sa version actuelle. Les fournisseurs de modèles posant un risque systémique seront soumis à des obligations renforcées par rapport aux autres modèles de fondation (entre autres, obligation de notification d’incidents de cybersécurité auprès de la Commission).La catégorie des systèmes d’IA à haut risque s’applique aux systèmes susceptibles d’engendrer des conséquences néfastes importantes sur la santé, la sécurité et les droits fondamentaux des individus. L’utilisation de systèmes d’IA dans les procédures de recrutement, la détermination de l’obtention de droits sociaux ou de l’octroi de l’asile… relèvent de cette catégorie. Cette classification se traduit par des obligations variées allant de l’établissement d’un système de gestion des risques robuste, au maintien d’une documentation technique exhaustive, en passant par le respect des exigences en matière de gouvernance des données, de supervision humaine et de cybersécurité.Les dispositifs à risques faibles ou limités restent quant à eux soumis à l’obligation de transparence commune à tout système destiné à interagir directement avec les personnes. Cette catégorie concerne surtout les systèmes d’IA ayant une influence minime sur la prise de décision et inclut les systèmes cantonnés à des tâches très spécifiques comme la classification de dossier ou la correction orthographique.Un texte bienvenu mais imparfaitLa gouvernance de ce cadre sera assurée par un nombre conséquent d’institutions européennes et nationales, à l’image du Comité européen de l’intelligence artificielle et du Bureau européen de l’IA, questionnant la lisibilité du dispositif. En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’est déjà positionnée en renforçant son expertise sur l’IA, laquelle se traduit notamment par la publication de fiches de recommandation pour le développement et le déploiement des systèmes d’IA.Cartographie des fiches de recommandations pour le développement et le déploiement des systèmes d’IA de la CNIL | ©CC BY-NCLe texte était largement attendu, notamment par les acteurs de l’industrie créative, mais aussi par des juristes et organismes indépendants. Pourtant, l’adoption du texte n’a pas été simple, la France, l’Allemagne et l’Italie se montrant particulièrement réticentes à l’égard des dispositions portant sur les modèles de fondation, y voyant un frein potentiel au développement de l’IA en Europe. Dans ce domaine, le règlement ne semble pas satisfaire toutes les parties.Il est notamment reproché à l’AI Act de proposer une définition inadéquate des modèles de fondation « à risque systémique », une insuffisance à laquelle le Bureau européen de l’IA (chargé entre autres d’éclairer la mise en œuvre de l’AI Act) devra pallier rapidement. Par ailleurs, plusieurs compromis ont été critiqués comme pouvant donner lieu à des abus, comme la possibilité laissée aux États d’utiliser des dispositifs d’identification biométrique en temps réel pour des motifs de sécurité nationale.Combiner l’AI Act et les textes déjà en vigueurEn outre, la mise en conformité au règlement, en particulier pour les systèmes à haut risque, est subordonnée au respect de standards techniques relatifs à la qualité des systèmes, à leur sécurité ou encore à la gouvernance des données qui reste encore à déterminer. Dans cette perspective, les efforts s’intensifient pour proposer des standards techniques pertinents.L’AI Act fonctionnera en synergie avec d’autres textes européens. Antoine Boutet, Juliette Sénéchal, Margo Bernelin et William Letrone, Fourni par l’auteurEnfin, l’AI Act n’épuise pas toutes les questions soulevées par l’IA ni les besoins d’encadrement. Il faudra donc combiner sa lecture avec d’autres textes comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) dans le cas d’IA impliquant un traitement de données personnelles, ou le Règlement sur les services numériques (ou Digital Services Act – DSA) et le Règlement sur les marchés numériques (ou Digital Market Act – DMA) dans le cas d’IA intégrées à des plates-formes de services.Quoiqu’il en soit, en Europe comme ailleurs, il n’est plus question de laisser les grandes sociétés de l’IA s’autoréguler. Reste à espérer que la phase de mise en œuvre parvienne à réduire les zones d’ombres qui subsistent à ce stade.Le projet IPoP est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.>> Les auteur.e.sAntoine Boutet, Maitre de conférence, Privacy, IA, au laboratoire CITI, Inria, INSA Lyon – Université de Lyon;Juliette Sénéchal, Professeur de droit privé, Université de Lille;Margo Bernelin, Chargée de recherche CNRS, Université de NantesWilliam Letrone, Chercheur post-doctorant en droit de la cybersécurité et droit de la protection des données personnelles, Université de Nantes >> Cet article est republié sous licence Creative Commons, lire l’article original :The Conversation
PPhysique : une recherche multimillénaire, sans cesse renouvelée | Un dossier Pop’Sciences et CNRS En son temps, Isaac Newton confiait « si j’ai pu voir plus loin, c’est que je me tenais sur les épaules de géants ». L’intellectuel britannique s’inscrit dans une immense lignée de physiciennes et de physiciens qui n’ont eu de cesse de bouleverser notre compréhension des phénomènes naturels. L’Année de la physique est l’occasion de revenir sur cette épopée scientifique et de découvrir certains des travaux les plus récents et innovants. © Emilie JossePoussée par sa curiosité et son désir de compréhension des phénomènes naturels, l’humanité s’est toujours efforcée de décrire et percer les mystères de l’Univers qui l’entoure. C’est ainsi qu’est née la physique, une discipline qui explore les lois fondamentales régissant la matière, l’énergie et les forces qui animent notre monde. L’histoire de la physique se lit comme un récit fascinant fait de découvertes, de théories révolutionnaires et de progrès scientifiques qui ont transformé notre perception du monde, et qui continuent à le faire. L’Année de la physique, qui prend forme tout au long de l’année scolaire 2023-2024, est l’occasion de mettre en lumière cette histoire, ainsi que les grandes avancées et les enjeux contemporains de la recherche en physique. Cet évènement est une occasion sans pareille pour découvrir ou redécouvrir l’intérêt de la discipline et l’étonnante diversité des sujets qu’elle explore. Une aventure scientifique multimillénaire La physique prend racine dès la Préhistoire, spécifiquement au cours du Néolithique entre 9 000 et 2 500 ans avant l’ère commune (AEC). Désireux de comprendre les phénomènes physiques de leur monde, les humains d’alors ont notamment scruté les astres, décrit leurs mouvements et créé les premiers instruments de mesure du temps. En mettant en œuvre l’élément constitutif de toute démarche scientifique – l’observation – ils ont pu suivre les saisons, rythmer les périodes agricoles et commencer à se sédentariser. Par la suite, les savants de l’Antiquité grecque ont magnifié cette « science des phénomènes naturels et de leurs évolutions ». Ainsi, Thalès de Milet (625 – 545 AEC), bien qu’il soit plus connu pour son théorème mathématique sur les triangles semblables, fut l’un des premiers penseurs à introduire la pensée rationnelle pour expliquer les causes des phénomènes naturels. On lui doit notamment le concept « l’eau est la cause matérielle de toute chose », qui démontre un détachement des explications mythologiques encore très prégnantes à l‘époque. Plus tard, Aristote (384 – 322 AEC) émit les premières théories du mouvement dans son traité La physique. Ses intuitions et ses méthodes ont jeté les bases de la pensée scientifique sur les phénomènes naturels et inspiré des dizaines de générations de scientifiques jusqu’à la Renaissance et l’émergence de la physique moderne. Une révolution peut en cacher une autre L’histoire de la physique est jalonnée de révolutions intellectuelles. Une des principales s’est déroulée entre le 16e et le 17e siècle avec les travaux des premiers grands noms de la physique moderne parmi lesquels Johannes Kepler, Nicolas Copernic, Galilée, ou Isaac Newton. À ces esprits visionnaires nous devons, en outre, de nouveaux paradigmes en mécanique céleste et en instrumentation astronomique (la lunette galiléenne), ainsi que la loi fondamentale de la gravitation universelle (la pomme qui chute sur la tête de Newton) et celles du mouvement. Leurs contributions ont permis des avancées spectaculaires dans les domaines de l’astronomie, de la mécanique et de l’optique. Dans le même temps, l’ère de la science moderne prenait forme dans le sillage des écrits de René Descartes sur la méthode (induction, déduction), tandis que Blaise Pascal esquissait les premières notions de pression atmosphérique (au sommet du Puy-de-Dôme). Sur les épaules de ces géants, des générations de scientifiques se sont succédées pour observer, décrire et modéliser une infinité de phénomènes physiques optiques, mécaniques, électriques, thermodynamiques, acoustique, jusqu’à l’essor de la physique moléculaire, puis celle de la radioactivité entre le 19e et le 20e siècle. Au tournant des grands conflits mondiaux, d’autres percées scientifiques ont à nouveau révolutionné notre perception de l’Univers et de la réalité. Les théories de la relativité générale d’Albert Einstein et de la mécanique quantique ont ainsi entraîné des bouleversements majeurs dans notre compréhension fondamentale de la matière, du cosmos et du temps, depuis l’infiniment petit jusqu’aux immensités des corps célestes. Eveiller la curiosité Aujourd’hui, la physique se révèle plus dynamique que jamais, portée par une communauté scientifique mondiale passionnée et engagée. Des tableaux des salles de classe jusqu’aux très grands instruments, elle participe à la résolution des grands défis de notre époque, qu’ils soient environnementaux, énergétiques, sanitaires ou technologiques. « Rien dans la vie n’est à craindre, tout doit être compris » proposait Marie Skłodowska-Curie, la première et seule physicienne doublement nobélisée ! Les femmes, aussi, ont marqué l’histoire de cette discipline. Lise Meitner (fission nucléaire), Maria Goeppert-Mayer (mécanique quantique, également nobélisée) ou encore Claudine Hermann (physique des solides), comptent parmi les nombreuses physiciennes qui perfectionnent notre compréhension du monde et encouragent les carrières scientifiques pour toutes et tous. C’est dans cet esprit que s’inscrit l’engagement de Pop’Sciences et de la délégation Rhône Auvergne du CNRS en cette Année de la Physique. Nous proposons une série de six articles reflétant la diversité et la richesse de la recherche en physique, menée à l’institut Lumière Matière (unité CNRS, université Claude Bernard Lyon 1) et au Laboratoire de physique de l’ENS de Lyon (unité CNRS, ENS de Lyon). Ils offrent un aperçu des travaux en cours et des avancées les plus récentes en thermodynamique, en mécanique des fluides, en catalyse photochimique, ou encore sur l’étude de nouveaux états de la matière. À travers ce dossier, nous espérons inspirer les curieux de sciences, montrer la surprenante diversité des métiers de la physique et éveiller la curiosité des jeunes élèves. Article rédigé par Samuel Belaud, journaliste scientifique – mai 2024 lles RESSOURCES du dossierDans ce dossier, nous vous invitons à découvrir un aperçu des travaux en cours et des avancés récentes de physiciennes et physiciens lyonnais. Pour chaque article, les liens avec les programmes scolaires sont proposés.#1 : La nanofluidique : une physique pour la filtration et l’énergie – Publié le 13 mai 2024© Pauline PetitDe récents travaux de physiciens révèlent des phénomènes surprenants dans la dynamique des fluides à l’échelle nanométrique. Certains des mécanismes découverts pourraient être utiles à la filtration des liquides et à la production d’électricité propre et durable.LIRE L’ARTICLE #2 : L’art de contrôler la chaleur à l’échelle nanométrique – Publié le 13 mai 2024©courtesy of Elettra Sincrotrone Trieste Dans le monde infiniment petit des nanomatériaux, la propagation de la chaleur suit sa propre logique. Des physiciens s’attèlent à comprendre et maîtriser cette drôle de dynamique thermique et ouvrent la voie à des avancées technologiques cruciales, notamment pour relever les défis de l’efficacité et de la transition énergétique. LIRE L’ARTICLE #3 : Les stupéfiantes propriétés des bactéries magnétotactiques – Publié le 13 mai 2024© Rémy FulcrandSi les ballets aériens des nuées d’oiseaux vous fascinent, vous serez certainement captivés par les comportements collectifs d’autres organismes, bien plus petits, mais non moins surprenants : les bactéries magnétotactiques (BMT). Récemment découvertes, les physiciens s’intéressent de près à leurs propriétés, notamment leur capacité à se déplacer en suivant les lignes du champ magnétique terrestre. LIRE L’ARTICLE #4 : La nage bactérienne et la discrète révolution de la matière active – Publié le 13 mai 2024© Raman Oza – PixabayConnues pour leur capacité de nage autonome et leurs intrigants comportements collectifs, les bactéries passionnent les physiciennes et physiciens. En décryptant leurs stratégies singulières de déplacement, une équipe de recherche ouvre des perspectives inédites pour l’utilisation de la matière et la conception de nouveaux matériaux. LIRE L’ARTICLE #5 : La photocatalyse promet d’accélérer la transition énergétique – Publié le 13 mai 2024© Jean-Claude MOSCHETTI / ISCR / CNRS Images Un projet de recherche allie chimie et physique pour exploiter les propriétés de la lumière et du molybdène, métal abondant et peu coûteux, afin de catalyser des réactions chimiques clés dans le cadre de la transition énergétique. LIRE L’ARTICLE #6 : Coup de froid sur le magnétisme : les glaces de spin – Publié le 21 novembre 2024Générée par IAL’étude à très petite échelle de certains matériaux ferromagnétiques montre que les atomes qui le composent se comportent comme de microscopiques aimants qui, à très basse température, s’agencent en une structure magnétique ordonnée et régulière. Dans certains de ces matériaux appelée « glace de spin », on ne trouve pas d’ordre ferromagnétique absolu, même aux plus basses températures. On parle alors de magnétisme frustré.L’étude de ces matériaux permet de mieux comprendre les propriétés fondamentales de la matière, mais fait aussi émerger des phénomènes nouveaux qui laissent entrevoir de futures applications technologiques et industrielles.LIRE L’ARTICLE—————————————————————mmerci !Ce dossier a été réalisé grâce à la collaboration de différents scientifiques de l’Université de Lyon. Nous les remercions pour le temps qu’ils nous ont accordé.Anne-Laure Biance, chercheuse CNRS à l’institut Lumière Matière (unité CNRS | Université Claude Bernard Lyon 1)Valentina Giordano, chercheuse CNRS à l’institut Lumière Matière (unité CNRS | Université Claude Bernard Lyon 1)Cécile Cottin-Bizonne, chercheuse CNRS à l’institut Lumière Matière (unité CNRS | Université Claude Bernard Lyon 1)Luke Macaleese, chercheur CNRS à l’institut Lumière Matière (unité CNRS | Université Claude Bernard Lyon 1)Thomas Gibaud, chercheur CNRS au Laboratoire de physique de l’ENS de Lyon (unité CNRS | ENS de Lyon)Peter Holdsworth, enseignant-chercheur au Laboratoire de physique de l’ENS de Lyon (unité CNRS | ENS de Lyon)ppour aller plus loin :Nous vous proposons une sélection de ressources accessibles en ligne pour vous et vos élèves.Espace ressources du site web de l’Année de la Physique 23-24Articles, podcasts, documentaires, ouvrages… Accédez à une multitude de contenus pour mieux comprendre notre monde au travers des recherches en physique.Chaîne YouTube de Julien BobroffPhysicien au Laboratoire de physique des solides (unité CNRS / Université Paris-Saclay) et professeur à l’Université Paris-Saclay, Julien Bobroff cherche à renouveler l’image de la physique auprès du plus grand nombre. Il anime une équipe de recherche, « La Physique Autrement », qui développe de nouvelles façons de vulgariser et d’enseigner les sciences.Chaîne YouTube Physique et chimie – Collège de FranceLa chaîne Physique et chimie donne à voir tous les enseignements donnés par les professeurs du Collège de France spécialistes de ces domaines ainsi que les séminaires et les colloques, les archives et les vidéos les plus récentes.Chaîne YouTube Le Prof de PhysiqueChaîne YouTube d’un professeur de physique et de chimie qui propose des vidéos de cours de rattrapage à destination des élèves.