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L’alimentation en débat au lycée Magenta | Reportage Pop’Sciences Jeunes débat – épisode 2/2

LL’alimentation en débat au lycée Magenta | Reportage Pop’Sciences Jeunes débat – épisode 2/2

Dans le cadre des projets Pop’Sciences Jeunes, des élèves de seconde du lycée Magenta (Villeurbanne) ont participé pendant cinq semaines à la construction d’un débat sur la thématique de l’alimentation.

Un reportage réalisé par Samantha Dizier, journaliste scientifique
pour Pop’Sciences – Mai 2021

Retour en salle 203, au deuxième étage du lycée professionnel Magenta (Villeurbanne). Un nouveau groupe d’élèves s’apprête à débattre. Mais la thématique du débat a changé. Cette fois, une classe de seconde MRC (Métiers Relation Clients) s’attaque à l’alimentation.

« Il y a une telle quantité de produits dans les supermarchés qu’il est parfois difficile de savoir quoi acheter », remarque une élève. L’alimentation industrielle est un sujet complexe que les lycéens ont choisi de remettre en question à la suite de quatre séances de travail avec les médiatrices de Pop’Sciences Jeunes. Ce dispositif expérimental propose aux élèves de construire un débat autour d’un sujet de société proche de leur quotidien.

Des rencontres avec des scientifiques

Au cours de ces séances, les élèves ont rencontré des spécialistes de ces questions. Leur premier échange a été avec BelleBouffe, une association lyonnaise œuvrant pour une transition vers un système alimentaire local plus juste, écologique et solidaire. Avec les intervenants, les lycéens ont analysé des emballages et ont découvert l’application Open Food Facts, qui permet de décoder les étiquettes des produits.

Stéphanie Verfay, du laboratoire COACTIS, montre aux lycéens comment décrypter les étiquettes. / © Vincent Noclin

Ils ont également rencontré Stéphanie Verfay, chercheuse en marketing social au laboratoire COACTIS, qui leur a proposé de créer des étiquettes plus compréhensibles par les consommateurs. Et Nicolas Godinot, conservateur des Science de la Nature à l’Alimentarium, les a initiés au fait que l’emballage des produits est souvent créé pour fausser notre perception de ceux-ci. Cela peut avoir, par exemple, pour but de nous donner l’illusion qu’une bouteille contient plus de liquide qu’en réalité. Toutes ces rencontres les ont aidés à forger leurs arguments pour répondre à la problématique : En ce qui concerne l’alimentation, les consommateurs peuvent-ils reprendre le pouvoir face aux industriels ?

Des enjeux sanitaires et écologiques

La salle 203 a été préparée soigneusement par les médiatrices pour accueillir le débat. Dans le public, des visiteurs se sont mêlés aux lycéens, notamment des représentants de la Délégation académique aux arts et à la culture. Devant le tableau blanc, deux lycéennes présentent le sujet de leur débat aux spectateurs. Elles ont encore quelques difficultés à parler fort et à se détacher de leurs notes, mais elles n’hésitent pas. Elles pointent le fait que l’alimentation industrielle est très souvent ultratransformée. Et cela peut parfois représenter un danger, comme le soulignent les élèves avec l’exemple récent des pizzas Buitoni contaminées par la bactérie E. coli *. Les produits alimentaires peuvent ainsi avoir un impact sur notre santé, mais également sur notre environnement, selon leurs modes de production et de transport.

Entre deux bavardages et incitations au silence, le débat commence alors entre six élèves : Moinecha, Karisse, Jasmine, Mely, Jade et Mounia. Se pose une première question : pour bien choisir ses produits, est-ce qu’il suffit de regarder les étiquettes ? Moinecha commence par remarquer que tous les ingrédients sont indiqués sur les étiquettes depuis 2017, avec parfois l’ajout du Nutri-score, un logo indiquant la qualité nutritionnelle d’un aliment. Ces informations peuvent alors aider à choisir entre deux produits. Mais une de ses camarades rétorque : « il est difficile de décrypter correctement les étiquettes. Par exemple, le mot glucide est utilisé au lieu de sucre. » De plus, Karisse rappelle que les entreprises utilisent des techniques de marketing pour fausser notre perception des produits : Coca-Cola a ainsi changé la forme de ses bouteilles pour donner l’illusion qu’elles contenaient plus de coca.

Les applications à la rescousse

Pour nous aider dans ce décryptage des produits, les applications de consommation peuvent-elles alors être un outil pertinent ? « Des applications peuvent nous aider à comprendre les étiquettes, comme Yuka et Open Food Facts. Elles ont un côté ludique et informatif », explique Jasmine. Open Food Facts indique, par exemple, le Nutri-score, le Nova-score et l’Eco-score, qui analysent respectivement les qualités nutritionnelles du produit, son taux de transformation et son impact environnemental.

Un élève tente de décrypter l’étiquette d’une cannette de Coca-Cola. / © Vincent Noclin

Mais une lycéenne pointe une limite de ces applications : elles ne permettent pas de tout connaître, comme la provenance des ingrédients. Jasmine rappelle, quant à elle, que ces logiciels peuvent influencer les industriels et cite le cas de Fleury Michon : « leur Nova-score était très mauvais, car ils rajoutaient des nitrites dans leur jambon. Ce qui les a poussés à changer leur composition. » Néanmoins, une autre élève rappelle que cela prend du temps d’utiliser ces applications lors de nos achats, et qu’il n’y a pas toujours d’alternatives plus saines à certains produits.

Un choix à l’échelle individuelle

Deux derniers élèves s‘interrogent alors sur les actes qui peuvent être faits par chacun pour avoir une meilleure alimentation. Jade suggère d’acheter les aliments frais directement au marché et non au supermarché, où il est difficile de connaître la provenance réelle des produits. Mais sa camarade rétorque que le prix et l’accessibilité sont aussi des facteurs importants. « Par exemple, quand on achète une paella au marché, elle sera forcément plus chère parce qu’elle a été faite devant nos yeux », explique-t-elle.

Les lycéens concluent alors le débat : « les consommateurs ont des moyens pour reprendre le pouvoir grâce à certains outils qui aident à mieux décrypter les produits. Mais il faut aussi que les pouvoirs publics agissent pour obliger les industriels à faire de bons produits. »

Le public applaudit les orateurs. « Est-ce que ces séances ont changé vos habitudes de consommation ? », demande un spectateur. Les réponses sont alors unanimement négatives. « On boit toujours du coca », affirme un élève. Une lycéenne résume le sentiment général : « je pense que comme on est jeune, on ne pense pas encore à bien regarder ce qu’on mange. Si c’est bon, on ne se pose pas la question. » Une autre fait remarquer qu’elle mange toujours la même chose, mais qu’elle regarde maintenant le Nutri-score. Même si les comportements n’ont pas changé, le message semble au moins être passé.

L’interview de deux élèves, Jade et Mounia, à l’issue du débat : leur ressenti en direct !

Retrouvez l’épisode 1 des reportages sur les Pop’Sciences Jeunes débats ici.

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* Escherichia coli (E. coli) est une bactérie qui réside naturellement dans le tube digestif de l’Homme et des animaux à sang chaud. La majorité des souches de E. coli sont inoffensives, quelques-unes seulement sont pathogènes pour l’homme et posent alors des problèmes de contamination .

Les effets du tourisme sur le récit de la ville. Lyon entre symboles et clichés

LLes effets du tourisme sur le récit de la ville. Lyon entre symboles et clichés

Pour attirer plus de touristes, les villes construisent des récits et se mettent en scène dans des stratégies publicitaires. Elles se saisissent d’images et de symboles pour promettre aux visiteurs une expérience urbaine singulière.

Entretien croisé proposé par Pop’Sciences en collaboration avec le Musée d’histoire de Lyon – Gadagne, enregistré le 5 mars 2021.

Le récit des villes, celui de Lyon particulièrement, est de plus en plus emprunt d’une visée touristique. De Guignol à la Fête des Lumières, en passant par les bouchons ou son nouveau grand stade, l’identité et l’image de la capitale des Gaules, se construisent autour de nombreux symboles et clichés, savamment sélectionnés, entretenus et construits. Les pouvoirs publics s’en saisissent pour dresser des stratégies publicitaires destinées à attirer de nouveaux habitants, de nouvelles entreprises, mais aussi – et donc surtout – des touristes.

Ce marketing territorial et touristique ne s’appuie pas seulement sur des éléments patrimoniaux ou identitaires pré-existants. Il est aussi à l’origine de nouveaux aménagements et de nouvelles organisations urbaines destinés à satisfaire l’expérience touristique de la ville. Comment et pourquoi ces symboles et clichés sont préférés à d’autres pour intégrer le récit « publicitaire » de la ville ? Et en quoi l’industrie touristique a-t-elle bousculé les codes et participé à redessiner le portrait d’une ville comme Lyon ? Deux universitaires décryptent le phénomène de marketing touristique :

  • Isabelle Lefort, géographe, Professeure des universités (Université Lumière Lyon 2, Institut Universitaire de France)
  • Julien Thiburce sémioticien*, chercheur post-doctoral (LabEx ASLAN, Laboratoire ICAR)

Un entretien animé par Samuel Belaud, rédacteur en chef de Pop’Sciences Mag et enregistré au cœur de l’exposition Portraits de Lyon, proposée par le Musée d’histoire de Lyon – Gadagne.

* : linguiste, spécialiste de l’étude des signes, des symboles et de leur signification

Au procès des Jeux Olympiques, le CIO acquitté !

AAu procès des Jeux Olympiques, le CIO acquitté !

Faut-il en finir avec les JO ? Telle était la question posée aux jurés du Tribunal pour les Générations Futures organisé par Pop’Sciences le 21 novembre 2019. À l’unanimité, ils ont répondu non ! Retour sur les moments forts de cette conférence pas comme les autres.

Alors que Paris promet des Jeux Olympiques “durables, festifs et spectaculaires” en 2024, ce (faux) procès a souhaité revenir aux fondamentaux de l’Olympisme. En interrogeant les valeurs qu’il véhicule, le public était invité à se demander si elles n’ont tout simplement pas été trahies. Ainsi, une série de 5 chefs d’accusation a été portée à l’égard du Comité Olympique, représenté par Jean-Claude JOUANNO, président du Comité Départemental Olympique et Sportif Rhône-Métropole de Lyon. Le Tribunal pour les Générations Futur l’a notamment accusé d’association de malfaiteurs et corruption, de détournement de fonds publics et pollution, ou encore de duperie et non-assistance à personne en danger, pour avoir laisser s’introduire le dopage, les paris sportifs, la fraude et la triche au sein des épreuves olympiques.

Découvrez l’acte d’accusation dans son intégralité et la réponse de l’accusé :

Le verdict a été rendu à la majorité par un jury populaire tiré au sort au sein du public. Ils l’ont rendu en ayant pris connaissance des éléments présentés par la Cour (président, avocat, procureur) et des témoignages des expert.e.s et personnalités invité.e.s à la barre en tant que témoins.

Rachèle Lardière, médaillée aux jeux paralympiques de Pékin

Pascal Charroin, historien du sport (Université Jean Monnet Saint-Etienne – Laboratoire L-ViS)

Guillaume Bodet, Professeur en management et marketing du sport (Université Claude Bernard Lyon 1 – Laboratoire L-ViS).

Le procureur général – à la suite des auditions des témoins – a appelé le jury à faire preuve de fermeté dans son verdict. Défendant mordicus que les Jeux Olympiques véhiculent les traits dominants de la culture qui les a fait naître : compétition faussée entre les nations, racisme, grand projets fastueux sans impact durable, corruption permanente, etc. Pour lui, les Jeux Olympiques sont tout simplement coupables de ne pas agir à la mesure de leur pouvoir. Il a – sans réserve – appelé à la plus grande sévérité à l’égard de cette institution.

L’avocat de la défense ne s’est pas fait prier pour réfuter ou relativiser chaque chef d’accusation. Pointant par exemple la responsabilité de la crise générale que nous traversons vers notre modèle de société, plutôt que sur le seul principe des Jeux Olympiques. Faisant malgré tout amende honorable de certaines des critiques soulevées, il a rappelé le rôle singulier que jouent les JO comme outil de paix et de respect entre les nations. L’avocat a en outre exigé le maintien des jeux, puisqu’aucune raison légitime ne justifie de priver les générations futures d’un tel événement. Il en a appelé à la clémence du jury pour laisser les JO opérer sereinement leur mue, enfin perceptible depuis la candidature de Paris 2024. Les mouvement olympique tendrait alors vers un accès plus large encore à la pratique du sport, sans distinction de race ou de religion et avec pour étendard : la paix mondiale.

À l’unanimité, le jury a relaxé le CIO des cinq chefs d’accusation.

La Présidente a pris acte de la décision populaire et jugé bon d’ajouter qu’à la devise olympique  »plus vite, plus haut, plus fort » devront s’ajouter  »plus respectueux » et  »plus égalitaires ».

©Visée.A

Tribunal pour les générations futures | Faut-il en finir avec les Jeux olympiques ?

TTribunal pour les générations futures | Faut-il en finir avec les Jeux olympiques ?

Rivalités, fiascos financiers et écologiques, scandales liés à la corruption, sans oublier le dopage ou les paris illégaux. Les idéaux pacifiques à l’origine des jeux ont été ternis.

Le Tribunal pour les Générations Futures est un format de conférence théâtrale et ludique, initié par le média Usbek & Rica, organisé autour d’une controverse et destiné à explorer et débattre des enjeux d’avenir.

Depuis la charte olympique pensée par Pierre de Coubertin, les jeux modernes n’ont eu cesse de refléter les tensions géopolitiques et économiques du monde. Interrogeons nous sur cet étendard de la paix mondiale : Que reste-t-il de l’esprit de Coubertin ? Le Comité International Olympique a-t-il accumulé trop de pouvoirs ? Les Jeux sont-ils un instrument diplomatique efficace ? Le spectacle a-t-il pris le pas sur le sport ? L’olympisme est à la croisée des chemins et ce tribunal se tient pour interroger et réinventer un modèle en crise.

Alors que Tokyo s’apprête à recevoir la grand’ messe du sport mondial l’année prochaine et pendant que Paris met les petits plats dans les grands pour assurer une édition 2024 “durables, festifs et spectaculaires” ; ce (faux) procès, nos témoins vous permettront de trancher sur l’épineuse question de l’avenir des jeux olympiques.

Faut-il en finir avec les JO, ou leur donner un nouvel élan ?

Un verdict sera rendu à la majorité par un jury populaire tiré au sort au sein du public.

Le Tribunal pour les Générations Futures reprend les codes d’un procès d’assises, et met en scène autour d’une Cour (président, avocat, procureur), des expert.e.s et des personnalités invité.e.s à la barre en tant que témoins ou accusé :

  • Pascal Charroin, historien du sport (Université Jean Monnet Saint-Etienne – Laboratoire L-ViS)
  • Guillaume Bodet, Professeur en management et marketing du sport (Université Claude Bernard Lyon 1 – Laboratoire L-ViS).
  • Jean-Claude Jouanno, Président du Comité Départemental Olympique et Sportif Rhône – Métropole de Lyon
  • Une personnalité du sport – en cours de confirmation

Dès 15 ans.

  • Gratuit et ouvert à tous. Dans la limite des places disponibles
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