LLe rendez-vous bien-être animal | Fiche pédagogique- Focus sur les boiteries en élevage bovins Chaque semaine, la Chaire bien-être animal vous propose sur son site internet une nouvelle ressource en lien avec le bien-être animal ! Ce rendez-vous est relayé tous les mardi sur Facebook, Linkedin et Instagram avec le hashtag #LeRdvBEA. Suivez-nous !LLe RDVBEA de la semaineDans les élevages de bovins, des boiteries peuvent survenir, ce qui est susceptible d’impacter le bien-être des animaux. On vous en dit plus sur ce phénomène avec cette nouvelle fiche pédagogique issue de notre MOOC bien-être des bovins laitiers, gratuits et ouverts à tous (lien pour s’inscrire au MOOC disponible dans l’article) :LLes précédents RDVBEAVideo – Le bien-être animal en ville iciArticle – Qu’est-ce que le Better Chicken Commitment ? (BCC) iciInfographie – Comment concilier bien-être animal et agroécologie ? iciArticle – Les Européens et Français souhaitent plus de bien-être animal ! iciPodcast – Peut-on réconcilier sensibilité animale et expérimentation ? ici Pour consulter tous les #RDVBEA
LL’idée reçue bien-être animal | 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de bœuf, VRAI ou FAUX ? Chaque mois, la Chaire bien-être animal traite une nouvelle idée reçue sur le bien-être animal et l’élevage! Ce rendez-vous est relayé à la fin de chaque mois sur Facebook, Linkedin et Instagram avec le hashtag #IdéereçueBEA et dans notre Newsletter. Suivez-nous ! LLa dernière idée reçueIl faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de bœuf, VRAI ou FAUX ?LLes précédentes idées reçuesRien n’est fait pour protéger les animaux en abattoirs, VRAI ou FAUX ?Il faut laisser les chats errants vivre leur vie, VRAI ou FAUX ?Cheval au pré, cheval heureux, VRAI ou FAUX ?Les animaux utilisés en expérimentation finissent leur vie en laboratoire, VRAI ou FAUX ?L’amélioration du bien-être des animaux est toujours une contrainte pour les éleveurs, VRAI ou FAUX ?Les colliers électriques et étrangleurs sont positifs pour les chiens et leur éducation, VRAI ou FAUX ?La proportion de personnes adoptant des régimes sans viande est de plus en plus importante, VRAI ou FAUX ?Les poissons ne ressentent pas la douleur, VRAI ou FAUX ?Les haies sont indispensables au bien-être des animaux vivant en plein air, VRAI ou FAUX ?Seuls les taureaux ont des cornes, VRAI ou FAUX ?Les animaux au pâturage sont forcément heureux, VRAI OU FAUX ?Un chat qui ronronne est un chat heureux, VRAI ou FAUX ? Quand on mange de la viande de bœuf on mange vraiment du bœuf, VRAI ou FAUX ? Le bien-être est le même pour tous les animaux, VRAI ou FAUX ? En France, les animaux d’élevage sont nourris avec du soja issu de la déforestation, VRAI ou FAUX? : Le bien-être est meilleur dans les élevages de petite taille ! VRAI ou FAUX ? : Il faut nourrir les oiseaux l’hiver, VRAI ou FAUX ? en partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) : Tondre un mouton, ça lui fait mal ! VRAI ou FAUX ? : Le chat peut boire du lait de vache, VRAI ou FAUX ? :Le froid arrive : il faut vite mettre les vaches à l’abri ! VRAI ou FAUX :Faut-il un coq pour qu’une poule ponde des œufs? VRAI ou FAUX :Les vaches laitières produisent spontanément du lait toute l’année, VRAI ou FAUX ? :
VVenez tester vos connaissances sur les animaux et leur bien-être ! Nous serons ce dimanche 8 octobre à la fête des animaux organisée par Lyon 8ème en partenariat avec la Ville de Lyon et la Métropole de Lyon→ A 10h30, nous animerons une discussion intitulée : « Venez tester vos connaissances sur les animaux et leur bien-être ! »→ Nous tiendrons également toute la journée un stand sur lequel vous pourrez trouver exposées toutes nos fiches pédagogiques mais aussi notre nouveau kakémono dédié à la définition du bien-être animal.L’occasion rêvée pour nous poser toutes vos questions !Modalités pratiques :– Place Ambroise Courtois à Lyon 8ème– de 10h à 17h– gratuit !– Pour accéder au programme complet
JJournée mondiale des animaux et de leurs soigneurs La journée mondiale des animaux est l’occasion d’informer et d’alerter sur la disparition de la biodiversité animale et la nécessité de sa préservation. Depuis quelques années, à cette journée s’est jointe tout naturellement la journée mondiale des soigneurs.Cette dernière a pour vocation de mettre en valeur les soigneurs animaliers qui dédient leurs journées à prendre soins des animaux, mais aussi à œuvrer pour leur conservation. Leur travail, souvent méconnu dans son ensemble, est pourtant nécessaire au bon fonctionnement des parcs zoologiques et pour donner les meilleures conditions de vie aux animaux hébergés. L’union de ces deux journées vient souligner l’importance d’œuvrer ensemble pour le bien-être et la protection des animaux.Pour la première fois, le Parc zoologique de Lyon organise cette journée mondiale des animaux et de leurs soigneurs, une journée ludique et festive en proposant un ensemble d’activités pour les petits et grands, des ateliers ludiques et pédagogiques. Le public pourra découvrir le métier de soigneurs, mais également les espèces fascinantes hébergées au Parc zoologique de Lyon.La Chaire Vétagro Sup, partenaire du Parc zoologique pour l’évaluation du bien-être animal sera présente à cette journée.Pour en savoir plus :Lyon Nature
PPrenons soin du bien-être des animaux | Un dossier Pop’Sciences Pour son dossier consacré au bien-être animal, Pop’Sciences est allé à la rencontre des scientifiques de la région Lyon Saint-Étienne qui consacrent leurs travaux de recherche à ce sujet. Découvrez-en les principaux sujets dans le sommaire ci-dessous !2022 s’ouvre sous les meilleurs auspices. A partir de cette année, le broyage des poussins mâles ainsi que la castration à vif des porcelets sont deux pratiques interdites. La co-présidente du parti animaliste se présente à l’élection présidentielle d’avril, c’est dire si la condition animale est une question prégnante dans la société.La notion de bien-être animal est ancienne. Elle apparaît vers 1830 dans les écrits de Louis Furcy Grognier, professeur à l’école vétérinaire de Lyon. Se promenant dans les monts alentour, ce spécialiste du soin animal observait alors les pratiques nouvelles des paysans, forçant leurs vaches polyvalentes à devenir des vaches laitières. Après avoir été oublié, le bien-être animal revient sur le devant de la scène dans les années 1960, à l’occasion de la montée en puissance du modèle de production de viande industrielle.ÉÉcoutez les chercheurs…Définir le BEADans un podcast, chaussons les lunettes de l’animal pour comprendre ce que veut dire la notion de bien-être au regard de ses émotions. En étudiant le comportement animal, un éthologue explique comment on peut détecter la peur du mouton…mais aussi l’état amoureux du poisson. Bienveillance et SociétéDans un second podcast, un sociologue raconte comment le bien-être animal s’est imposé au siècle dernier, profitant d’un courant plus large de bienveillance porté par des associations désirant défendre l’animal pour ses droits et ses intérêts. PPrenez le temps de lire !Vous sentez votre animal stressé ? Avez-vous pensé à respecter ses 5 libertés ? Certains comportements sont associés facilement à de la souffrance, il s’agit de les décrypter.Comme les humains, les animaux sont résilients. Après avoir été maltraités, ils cultivent l’optimisme, les chèvres en particulier. Les chevaux quant à eux communiquent leur bien-être, à travers leurs hennissements.Dans un reportage photo au zoo de Lyon, revisitons l’histoire de ces institutions dédiées aux spectacles d’animaux qui doivent aujourd’hui se réinventer.Enfin, nous faisons le point sur la prise en compte de la sensibilité animale dans l’élevage. Où en est-on dans les pratiques dédiées aux bovins ? Alors que l’arrêt de la consommation de viande n’est pas pour tout de suite.> Accédez aux articles en cliquant sur chaque vignette :Les 5 LibertésLe mal-être des animaux captifs La chèvre joyeuseCommuniquer les émotions Les zoosL’élevage en questionMerci à tous les scientifiques qui nous ont donné de leur temps :François-Xavier Dechaume-Moncharmont, professeur en comportement animal au LEHNA, (CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1)Jérôme Michalon, enseignant chercheur en sociologie au laboratoire Triangle (CNRS, Université Lumière Lyon 2 – ENS de Lyon – UJM de Saint-Étienne)Nicolas Mathevon, professeur de bioacoustique à l’ENES (CNRS, INSERM, UJM de Saint-Étienne)Élodie Floriane Mandel-Briefer, chercheuse en communication et bien-être animal, professeure à l’Université de CopenhagueÉric Baratay, historien, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3Luc Mounier, responsable de la chaire bien-être animal de VetAgro SupSébastien Gardon, inspecteur de santé publique vétérinaire à VetAgro SupUn dossier rédigé par : Caroline Depecker, journaliste scientifique – Pôle éditorial Pop’Sciences.
DDu mouton au poisson, comment déterminer les émotions d’un animal ? Article #1 du dossier Pop’Sciences « Prenons soin du bien-être des animaux »L’État français n’a reconnu le caractère sensible de l’animal que très récemment. En 2015. Mais cela fait trente ans que les scientifiques collectent des preuves qui en témoignent : les animaux sont intelligents, doués d’émotions et de sentiments complexes. Un postulat qu’avait déjà posé Darwin au 19e siècle.Explorer les émotions d’un animal pour définir son état de bien-être, ou de mal-être, nécessite de mettre nos réflexes de côté. D’éviter l’anthropomorphisme, comme l’anthropodéni. En étudiant la façon dont les animaux se comportent et prennent des décisions, on peut savoir si un mouton a peur, si notre chat est en colère ou si un poisson est… amoureux !Les explications de : François-Xavier Dechaume Moncharmont, enseignant chercheur en comportement animal au LEHNA (Université Claude Bernard Lyon 1).Remerciement particulier à : Nicolas Mathevon et Florence Delorme, du laboratoire ENES de Saint-Étienne pour l’extrait sonore du rire de la hyène, issu de leurs travaux de recherche.Une interview réalisée par Caroline Depecker, journaliste scientifiquepour Pop’Sciences – Déc. 2021PPour aller plus loinVidéos du cichlidé zébré (entraînement du poisson pour ouvrir une boîte et biais de jugement), chaîne Youtube Université Claude Bernard Lyon 1Comment être heureux et avoir beaucoup d’enfants quand on est un poisson ?, The Conversation, 16/03/16Les poissons ont-ils des états d’âme ? Peut-être bien, The Conversation, 03/03/16
LLe bien-être animal est une construction de la société Article #2 du dossier Pop’Sciences « Prenons soin du bien-être des animaux »La notion de bien-être animal naît dans les années 1960 en réaction au modèle agricole productiviste. Comment peut-on concilier les 2 ? Cette question émerge dans un courant plus général de bienveillance sociétale vis-à-vis de nos amis les bêtes, depuis le 19e siècle. L’animal objet devient ainsi une personne qui sait prendre soin de nous et qu’il faut défendre, car il a des droits et des intérêts.Les explications de : Jérôme Michalon, enseignant chercheur en sociologie et spécialiste de la relation humain-animal au Laboratoire Triangle (ENS de Lyon, Université Jean Monnet de Saint-Étienne) Une interview réalisée par Caroline Depecker, journaliste scientifiquepour Pop’Sciences – Déc. 2021PPour aller plus loinComment définir le bien-être animal ?, Marion Weisslinger, Chaire bien-être animal, VetAgro Sup, 12/01/2022.« Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier », Presses des Mines, Paris, 2014.Le rôle thérapeutique de l’animal domestique, France Culture, 09/10/2021.Problématique du bien-être animal ? Focus sur le concept de « bienveillance », Chaire bien-être animal VetAgro Sup, 31/08/2021.
LLes 5 libertés de l’animal Article #3 du dossier Pop’Sciences « Prenons soin du bien-être des animaux »Faire preuve de bienveillance envers l’animal, c’est préserver son bien-être et surtout éviter son mal-être. Pour cela, il est important de bien le connaître et d’appliquer les 5 libertés.Caroline Depecker, journaliste scientifiquepour Pop’Sciences – 4 janvier 2022La question du bien-être de l’animal (BEA) lorsqu’il est libre et à l’état sauvage ne se pose pas. Dans ces conditions, l’animal exprime ses comportements en réponse aux stimuli de son environnement et ce, de façon naturelle. C’est dans l’ordre des choses.Maintenu en captivité, et même s’il est domestiqué, l’affaire est tout autre. Il s’agit alors d’évaluer, dans quelle mesure, ses besoins physiologiques et comportementaux sont satisfaits, ainsi que ses attentes. Une déclinaison opérationnelle de cette définition du BEA édictée par l’ANSES fait référence auprès des professionnels depuis 1979 : celle des “cinq libertés”.D’après ces dernières, l’animal doit pouvoir être :Libre de la soif, de la faim et de la malnutritionLibre de l‘inconfort.L’animal doit bénéficier de bonnes conditions de repos (confort thermique, qualité de l’endroit) et de tranquillité (ne pas être dérangé).Libre de s’exprimer.Ses comportements doivent être au plus proches de ceux observés dans la nature. La préservation des liens sociaux est particulièrement importante.Libre de la douleur, de toute blessure et de la maladie.Il doit être en bonne santé (celle-ci doit être suivie et préservée) et ne pas subir de mauvais traitement (la maltraitance peut être condamnée).Libre de la peur et du stress.L’animal a été reconnu comme un être vivant doué de sensibilité par l’État français en 2015. Ainsi, toute personne qui détient un animal doit veiller à s’assurer que ces 5 libertés soient respectées et ce, jusqu’à sa mort.Édictées ainsi, l’adoption de ces 5 libertés comportent un bémol : elles ne tiennent pas compte des attentes de l’animal.PPour aller plus loinComment définir le bien-être animal ?, Marion Weisslinger, Chaire bien-être animal, VetAgro Sup, 12/01/2022.
LLe mal-être évident des animaux captifs Article #4 du dossier Pop’Sciences « Prenons soin du bien-être des animaux »Le mal-être des animaux en captivité se manifeste par des comportements anormaux, dits stéréotypés. Leur compréhension et tentatives de remédiation font l’objet de recherches vétérinaires, avant tout au zoo.Un article de Caroline Depecker, journaliste scientifiquepour Pop’Sciences – 4 janvier 2022Le maintien en captivité peut être source importante de mal-être chez les animaux. Un des endroits le plus révélateur pour illustrer ce propos est celui du zoo. Les animaux y sont généralement bien traités, car ces institutions, de plus en plus soucieuses de leur bien-être, œuvrent dans ce sens.L’animal est nourri correctement et en suffisance, sa cage est maintenue en bon état d’hygiène. Pour autant, il évolue dans un espace clos qui ne lui permet pas de vivre exactement comme il le ferait naturellement. Lorsque cet environnement artificiel ne lui fournit pas de stimuli suffisants pour un développement normal, l’animal est susceptible d’exprimer des comportements « étranges », « inappropriés » ou encore « bizarres » pour le visiteur. On parle de stéréotypies.Des exemples ? Les ours polaires qui arpentent leur enclos de long en large, les perroquets qui s’arrachent les plumes, les éléphants qui se balancent d’une patte sur l’autre… Ces comportements répétitifs et inébranlables apparaissent sans but, ni fonction. Mais pour les scientifiques, ils sont induits par « la frustration, par des tentatives d’adaptation et/ou par une dysfonction cérébrale ».Les ongulés continuent de rechercher leur nourritureLes ongulés, ces bêtes pourvues de sabots, manifestent couramment des stéréotypies orales. Chez les chevaux, il s’agit du tic à l’appui ou « cribbing ». Le cheval saisit un objet solide, tel que la porte du box ou le rail de la clôture, avec ses incisives et arque le cou. Un afflux d’air intervient dans son œsophage qui produit le grognement caractéristique du criblage. Ce comportement associé au stress chez l’animal peut occuper une grande partie de son temps : jusque 8h par jour pour certains chevaux.En parc zoologique, les girafes lèchent les murs, les objets ou réalisent des mouvements de langue incessants. Ces stéréotypies, influencées par la manière dont les animaux sont nourris et par leur alimentation, dérivent vraisemblablement du comportement naturel de recherche de nourriture chez ces herbivores.Les carnivores s’escriment à surveiller leur territoire Les grands carnivores manifestent, quant à eux, des stéréotypies locomotrices. Le lion – par exemple – réalise des mouvements de va et vient dans sa cage, à pas lents, le long d’une ligne droite. Sa trajectoire prend progressivement la forme d’un huit en bout de cellule. Si l’espace est encore plus réduit, il finit par décrire un cercle de façon un peu folle. Les ours captifs sont les animaux les plus enclins à ce genre de comportement. A quoi les associer ? Ces locomotions compulsives exprimeraient la tentative de l’animal à reproduire l’un de ses comportements naturels de prédation, à savoir la surveillance du territoire.Pour les scientifiques, ces stéréotypies évoquent un mal-être inquiétant lorsqu’elles mobilisent plus de 10% du temps de l’animal. Dans ce cas, elles sont souvent associées à d’autres signes indicateurs de souffrance (baisse de la reproduction et excès de cortisol – l’hormone du stress – dans le corps, par exemple).PPour aller plus loin« Un lion qui tourne en rond dans une cage… c’est un signe de folie », LCI, 29/09/2020. Duel : les zoos sont-ils utiles ?, Art Zoos Brut, interview de Baptiste Mulot, chef vétérinaire au Zoo de Beauval, et Muriel Arnal, présidente de l’association de défense des animaux One Voice, vidéo Youtube, 26/11/2021
LLa bonne humeur de la chèvre Article #5 du dossier Pop’Sciences « Prenons soin du bien-être des animaux »Pour juger de l’état émotionnel d’un animal, les chercheurs étudient si celui-ci utilise un biais de jugement lors de ses prises de décision. En procédant de la sorte, il est possible de mesurer la capacité de résilience des chèvres après maltraitance.Un article de Caroline Depecker, journaliste scientifiquepour Pop’Sciences – 4 janvier 2022 Dans la vie, il y a ceux qui voient toujours le verre à moitié plein, les optimistes. Et puis ceux qui ont tendance à ne voir que le verre à moitié vide, ce sont les pessimistes. L’humeur positive des premiers leur donne un avantage dans les moments difficiles. En effet, ils savent qu’ils vivront de nouveaux moments de joie par la suite. Ils s’y attendent. Cet état de pensée les aide à mobiliser l’énergie nécessaire pour surmonter les obstacles et à trouver plus facilement des solutions. Leur humeur positive influence leur façon d’agir via ce qu’on appelle un « biais cognitif optimiste ».Les animaux agissent différemment selon l’humeur qui les habiteLes animaux sont des êtres vivants intelligents. Ils utilisent des processus cognitifs pour résoudre des problèmes, prendre des décisions ou mémoriser des événements.« Nous avons de plus en plus d’exemples qui montrent que les animaux, eux aussi, agissent différemment selon l’humeur qui les habite, témoigne Élodie Briefer, professeure à l’université de Copenhague et spécialiste du bien-être animal. Observer s’ils utilisent un biais de jugement optimiste, ou plutôt pessimiste, est un bon moyen d’avoir accès à leur état émotionnel, respectivement positif ou négatif. Et ainsi de mesurer leur bien-être ».En 2013, dans une étude réalisée pour la première fois sur des animaux recueillis en refuge, cette biologiste d’origine suisse s’est penchée sur la santé mentale des chèvres, des mammifères à qui elles a consacré de nombreuses années d’observation. C’est un fait connu, le stress chronique est une cause importante d’altération de l’humeur. Dans quelle mesure, les caprins qu’elles avaient sous les yeux s’étaient-ils remis des mauvais traitements subis, pour certains, si longtemps ?© Brian SquibbDes chèvres plus ou moins rapides pour chercher leur nourriturePour le savoir, Élodie Briefer a utilisé un test de biais de jugement spatial. Elle a appris tout d’abord à une vingtaine de chèvres à distinguer deux endroits : l’un comportant de la nourriture et l’autre en étant dépourvu. Son groupe était constitué pour moitié par des chèvres domestiques ayant été maltraitées pendant plus de deux ans avant leur arrivée au sanctuaire (manque d’espace, attache constante, blessures non soignées ou manque d’abri) et, pour une autre moitié, par des caprins ayant été toujours bien traités. Cela faisait plusieurs années par ailleurs que ces bêtes vivaient au refuge.La biologiste a patiemment mesuré la vitesse de déplacement de chacun des mammifères pour atteindre les endroits récompensés – ou non – sans noter de différence flagrante entre les sous-groupes. Puis, la chercheuse a confronté les animaux à une nouvelle tâche : aller à la recherche de nourriture en progressant dans des emplacements « ambigus », c’est-à-dire situés entre les espaces précédemment reconnus. Si la chèvre hésite, se déplace plus lentement que d’habitude pour réaliser son exploration, elle est qualifiée de pessimiste. Dans le cas contraire, son humeur est jugée optimiste.Une humeur anxieuse en lien avec la souffrance passée ?« Nous nous attendions à observer des biais de jugement pessimistes parmi les chèvres ayant subi de la maltraitance », relate Élodie Briefer. Un signe qui aurait été associé à une humeur « anxieuse », voire « dépressive » en lien avec la souffrance passée. « Or, non seulement cela n’a pas été le cas, mais de façon plus surprenante encore, ce sont les femelles anciennement maltraitées qui se sont avérées être les caprins les plus optimistes ! »Des résultats contre-intuitifs similaires ont été constatés chez les moutons, par Alain Boissy, directeur de recherche à l’INRA de Clermont-Ferrand. Ce chercheur les a interprétés comme l’expression d’un soulagement chez l’animal, celui du stress dorénavant évacué (« release from stress »). Au-delà de leur caractère inattendu, ces observations soulignent un point important : les animaux ont, comme nous, une grande capacité de résilience, caprins et ovins notamment. Elles témoignent encore du rôle essentiel joué par les refuges pour aider les bêtes à recouvrer leur bien-être.PPour aller plus loinLes travaux d’Élodie Briefer, blog en anglais : https://ebriefer.wixsite.com/elodie-briefer/teamA quoi pensent les chèvres ? pp 54-58 « Révolutions animales – Comment les animaux sont devenus intelligents ? », Gilles Boeuf, 2016.Zoologie : la chèvre, une finaude qui cache son jeu, Le Monde, 12-05-2014.L’accent des chèvres, Pour la Science, 22/02/2012.