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Les actualités de l’eau | Un dossier Pop’Sciences et H2O’Lyon

LLes actualités de l’eau | Un dossier Pop’Sciences et H2O’Lyon

Depuis 2023, Pop’Sciences collabore avec le master « Integrated Watershed Sciences » de H2O’Lyon, l’école universitaire de recherche des sciences de l’eau et des hydrosystèmes. Objectif de cette collaboration : faire rédiger des articles de vulgarisation aux étudiants du master qui vous plongent ainsi dans l’actualité de cette ressource essentielle et indispensable qu’est l’eau.

En travaillant avec des classes de lycées de la Métropole de Lyon, les étudiants réalisent des articles sur l’eau, sous toutes ses formes, et les actualités de la recherche sur cet objet d’étude vital.

LLes articles du dossier

  • #1 – De la ville entonnoir à la ville perméable : gestion des eaux pluviales sur le campus de LyonTech-la Doua, rédigé par Camille Dianoux, Rémi Combeaux, Mathis Fléret, Marina Benavides Guedes, Almudena Plichon Alberola et la classe de terminale 3 du lycée Robert Doisneau (Vaulx-en-Velin) de Mme Valérie Corneloup – Mars 2024.

Lire l’article #1

  • #2 – Pluie en ville : et si la nature faisait mieux que le béton ?, rédigé par Arnaud Foret, Clément George, Coline Héritier, Océane Joet, Margaux Pred’Homme et la classe de terminale BFI du lycée Jean Perrin (Lyon) de Mr Jonatan Christiansen – Avril 2025.

Lire l’article #2

  • #3 – L’intelligence artificielle : nouvelle alliée pour sauver nos ressources en eau ?, rédigé par Sonagnon Donald Boko, Romain Dopierala et Louis Estienne et la classe de terminale BFI du lycée Jean Perrin (Lyon) de Mr Jonatan Christiansen – Avril 2025.

Lire l’article #3

De la ville entonnoir à la ville perméable : gestion des eaux pluviales sur le campus de LyonTech-la Doua | #1 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

DDe la ville entonnoir à la ville perméable : gestion des eaux pluviales sur le campus de LyonTech-la Doua | #1 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, avec le développement de l’urbanisation, les sols en ville ont été de plus en plus artificialisés et imperméabilisés, limitant l’infiltration de l’eau de pluie. Conséquence : l’eau ruisselle sur le sol, augmentant le risque d’inondation et entraînant des polluants présents en ville vers les milieux naturels environnants. Pour remédier à cette situation, de nouvelles pratiques et modes de gestion ont été mis en œuvre. Le campus de LyonTech-la Doua à Villeurbanne en est un bon exemple, étant un terrain d’expérimentation pour les aménagements de gestion de l’eau pluviale depuis plus de vingt ans.

Un article rédigé par Camille Dianoux, Rémi Combeaux, Mathis Fléret, Marina Benavides Guedes, Almudena Plichon Alberola (étudiants du master 2 IWS) et la classe Terminale 3 du lycée Robert Doisneau (Vaulx-en-Velin) de Mme Valérie Corneloup (la liste des élèves est mentionnée en fin d’article) – Mars 2024

Une ville imperméable

Au 19e siècle[1], la décision fut prise de collecter les eaux usées dans un réseau d’égouts centralisé plutôt que de les relâcher au bord des habitations. L’eau ruisselante était vue comme un vecteur de maladie, elle devait être évacuée par le réseau d’égouts pour s’en débarrasser au plus vite.

Les premiers réseaux d’égouts construits en France étaient unitaires : un réseau unique collectait à la fois les eaux usées domestiques et les eaux pluviales. Toutefois, lors de pluies trop intenses, des eaux non traitées, et donc potentiellement polluées, débordaient du réseau et étaient directement rejetées dans l’environnement : ce qui a inévitablement un impact sur la qualité de l’eau. Il subsiste encore des réseaux unitaires à Lyon, si bien qu’en 2015, 7 % des volumes collectés par les réseaux ont été rejetés sans traitement[2]. La pollution issue de ces 7 % est aussi importante que la pollution rejetée par les eaux traitées en station d’épuration, soit les 93 % restants.

Dans certaines villes, un second réseau d’égouts, réseau séparatif, a été construit pour y accueillir uniquement les eaux pluviales. Elles sont déversées directement dans le milieu naturel sans traitement, pour éviter qu’elles ne se mélangent aux eaux usées et se chargent en polluants. Cette solution est coûteuse, mais elle a permis de diminuer la pollution apportée au milieu naturel en limitant les déversements d’eau usée non traitée, comme dans le cas de débordements de réseaux unitaires.

Pour éviter la surcharge du réseau par l’eau de pluie, mais aussi pour prendre en compte l’intensification des pluies, due au changement climatique[3], les métropoles sont en transition vers un nouveau modèle de gestion des eaux de pluie en ville.

Vers la ville éponge

Changer de mode de gestion des eaux de pluie en ville, c’est passer du concept de « ville entonnoir », où l’eau est collectée dans des égouts puis emmenée hors de la ville, à celui de « ville éponge » où la pluie est infiltrée dans le sol de la ville. Cela permet aussi d’empêcher que l’eau emporte des polluants provenant des transports ou de l’industrie lors de son ruissellement. Mais pour cela, les sols doivent être perméables, laisser l’eau s’infiltrer, et non goudronnés ou bétonnés.

Illustration de la ville entonnoir © Méli Mélo – GRAIE

Illustration de la ville éponge. © Méli Mélo – GRAIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si l’eau ne rejoint pas les égouts, elle peut réintégrer son cycle naturel, humidifier les sols et recharger les nappes phréatiques. Cela limite les inondations, aide à végétaliser les villes et donc à atténuer les îlots de chaleur*. Ces différents aménagements ont fait évoluer la perception de l’eau de pluie en ville : on ne la considère plus seulement comme une nuisance, mais également comme une potentialité. C’est ainsi que le projet « ville perméable » a émergé dans la métropole de Lyon : il s’agit d’un projet d’aménagement pour favoriser l’infiltration de l’eau, grâce à des ouvrages concrets.

Le campus de Lyon-Tech-la Doua : un exemple de ces nouveaux aménagements

Lorsque l’eau de pluie tombe, on peut la faire ruisseler jusqu’à de grands bassins d’infiltration. Ils retiennent l’eau pendant maximum 24 heures, pour laisser le temps à l’eau de s’infiltrer progressivement dans le sol. On en trouve un à côté de l’IUT Lyon 1 capable de contenir 4000 m3 d’eau, soit la consommation annuelle d’eau de 75 habitants. Il draine les 2,5 hectares alentour.

Le bassin d’infiltration des eaux pluviales de l’IUT Lyon 1, campus LyonTech-la Doua. | © GRAIE

On peut aussi infiltrer l’eau de pluie « à la source », c’est-à-dire là où elle tombe, plutôt que de la laisser ruisseler. Ainsi, les installations sont moins consommatrices d’espace et plus discrètes. C’est le cas des noues, fossés de terre qui infiltrent les eaux de pluie tombées à proximité, ou des parkings en béton perméable.

L’utilisation de plantes dans les ouvrages, l’ingénierie végétale, améliore la capacité d’infiltration des ouvrages. On utilise, par exemple, des noues végétalisées, des jardins de pluie*, des toitures végétalisées. Les racines facilitent l’infiltration de l’eau dans le sol. La végétation filtre naturellement une partie de la pollution, et préserve la biodiversité.

La végétalisation de la ville aide à filtrer la pollution. | © Méli Mélo – GRAIE

La gestion des eaux pluviales : un objet de recherche scientifique

Les aménagements de gestion des eaux pluviales sont des objets de recherche scientifique : ils ont été conçus après des années de recherches théoriques et pratiques et servent eux-mêmes de terrain d’étude, pour pouvoir collecter des données pour de futurs projets, et évaluer leur efficacité.

Toutes les installations du campus de LyonTech-la Doua sont des lieux d’expérimentation scientifique. On y teste des installations, telles que les noues et les bassins d’infiltration. Elles sont munies de différents capteurs qui mesurent, par exemple, la quantité de pluie tombée (pluviomètre*), les polluants (métaux lourds, pesticides) contenus dans la pluie, ou les débits* d’eau qui s’infiltrent dans le sol. Ainsi, on évalue la capacité de ces installations à filtrer la pollution présente dans l’eau de pluie.

Pluviomètre | © CambridgeBayWeather

Perception de ces techniques alternatives

Contrairement aux réseaux d’égouts, les nouveaux ouvrages ne servent pas qu’à recueillir la pluie. Ils ont d’autres usages, et donc d’autres usagers. Leur mise en place et leur entretien ne vont pas de soi.

Ces nouveaux ouvrages sont hybrides, à la fois espaces verts et ouvrages de gestion des eaux de pluie. Ils mêlent différents types de matériaux (minéral et végétal). Les collectivités doivent alors mobiliser différents services pour entretenir un seul aménagement. Pour une noue végétalisée, il peut être nécessaire de faire appel à un premier service pour tailler les arbres, un deuxième pour l’herbe, un troisième pour ramasser les déchets qui s’y seraient accumulés… Un vrai casse-tête organisationnel qui nécessite une nouvelle coordination entre les services mobilisés.

Une noue végétalisée du campus LyonTech-la Doua. | © Marina Benavides Guedes

C’est une toute nouvelle méthode de travail qui est nécessaire. Ce qui a des conséquences sur la manière dont les agents de la ville perçoivent leur métier. Certains craignent que le métier d’égoutier se perde et que l’évolution de leurs tâches détériore leurs conditions de travail[4].

Par ailleurs, les nouveaux aménagements de gestion des eaux de pluie sont plurifonctionnels. Par exemple, les parkings poreux du campus de LyonTech-la Doua permettent le stationnement des véhicules, en plus d’infiltrer les eaux de pluie ; une noue ou un jardin de pluie* peut accueillir des activités de loisirs[5] et fournir un habitat pour la biodiversité[6]. Dans certains cas, les usagers peuvent se réapproprier l’ouvrage et l’utiliser pour des activités autres que celles prévues. Les aménageurs doivent en tenir compte pour garantir la sécurité des usagers et éviter certaines nuisances (bruits, déchets…).

Les difficultés pour faire évoluer la ville vers un espace plus perméable et plus végétalisé ne sont pas seulement d’ordre technique ou financier, mais viennent aussi de la manière dont chaque acteur se représente ces nouveaux aménagements.


Notes

[1] John Snow, On the mode of communication of cholera (1855).

[2] Grand Lyon Métropole, Projet ville perméable : guide d’aide à la conception et à l’entretien (2017).

[3] Yves Tramblay et al., Impacts du changement climatique sur les pluies intenses et les crues en Méditerranée, LHB : Hydroscience Journal, vol. 107, no 1 (2021).

[4] Nina Cossais, Gestion intégrée des eaux pluviales : positions des services techniques urbains et évolution induite des métiers – Métropole de Lyon, URBIA, 5 (2019).

[5] Sébastien Ah Leung et al., Que fabrique-t-on avec les eaux pluviales urbaines ? Les dispositifs techniques et les usages du parc Kaplan dans l’agglomération lyonnaise, (2013).

[6] Émilie Gascon, Impacts et opportunités de la nouvelle gestion des inondations dans les domaines de la conception et de l’aménagement urbain, Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace, 20 (2019).


Glossaire

Débit : volume d’eau qui s’écoule dans un point précis en un temps donné, généralement exprimé en m3/s ou en L/s.

Îlots de chaleur : zones urbaines où la température est nettement plus élevée que dans les zones environnantes, en raison de l’absorption et de la rétention de la chaleur par des surfaces urbaines telles que l’asphalte et le béton.

Jardin de pluie : ouvrage de gestion des eaux pluviales formé par une dépression avec des végétaux, où les eaux de ruissellement sont acheminées pour s’y infiltrer.

Pluviomètre : appareil permettant de mesurer la pluviométrie.

Pluviométrie : mesure de la quantité d’eau tombée dans un lieu donnée. Elle est généralement exprimée en centimètres, pour désigner la hauteur d’eau tombée.


Ont participé au travail d’écriture de cet article, en collaboration avec Camille Dianoux, Mathis Fleret, Marina Benavides Guedes, Almudena Plichon, Rémi Combeaux, étudiant·e·s de du master 2 IWS, les élèves de terminale du lycée Robert Doisneau (par ordre alphabétique) : ANOUAR  Jihane, ASSAOUI Medhi, BOUDEHANE Ismaël, AGKOZ, Naziré, BRAITIT Baasma, DEKAR Lina, DIA Mouhamed, GASMI Aldjia, HAMDAOUI Maryem, HAMRI Soumia, IBRAHIM Jindar, JACQUET Sonny, KEBBOUCHE Wafaa, KOC Hayrunissa, MAGHRAOUI Selsabil, MAHBOUB Nisrine, METRI Anis, MOHAMED HASSAN Abdifatah, NAAMANI Soumeya, NOKA Xhoveda, RANDRIAMAZAORO Gérald, SEMAKDJI – BEN HADJ KASSEM BOUBAKER Romayssa, SOK Panha, TALEB Delci, TANRIKULU Erdem, TOLA Dorian, YAPICI Rümeyssa, ZAGAI Mohamed, ZAHIR Narjis, ZINGARA Amine, ZITOUNI Maryam.

Pluie en ville : et si la nature faisait mieux que le béton ? | #2 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

PPluie en ville : et si la nature faisait mieux que le béton ? | #2 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

Face aux inondations, à la pollution et aux îlots de chaleur en ville, le béton montre ses limites. Et si la solution était… le vert ? Forêts urbaines, tranchés végétalisées, toits perméables : les Solutions fondées sur la Nature (SfN) s’imposent comme une alternative durable aux infrastructures classiques. Certaines villes tentent déjà le pari de ramener la nature en ville pour mieux gérer l’eau. Simple effet de mode ou vraie révolution urbaine ? Tour d’horizon des connaissances actuelles.

Un article rédigé par Arnaud Foret, Clément George, Coline Héritier, Océane Joet, Margaux Pred’Homme, étudiants du master 2 IWS de Lyon et la classe de terminale BFI du lycée Jean Perrin (Lyon) de Mr Jonatan Christiansen (la liste des élèves est mentionnée en fin d’article) – Avril 2025

Et si ajouter du vert était une réponse concrète à un monde qui vire au gris ? La fréquence et l’intensité des événements climatiques extrêmes dans le monde, telles que les fortes précipitations, les tempêtes et les inondations augmentent avec le réchauffement climatique. L’urbanisation, qui a fortement augmenté au cours des 50 dernières années, rend d’autant plus vulnérable les populations urbaines (54 % de la population mondiale) par les impacts qu’elle entraîne.

Parmi les impacts de l’urbanisation, on retrouve l’imperméabilisation des sols (zones où l’eau ne peut plus s’infiltrer), la pollution de l’air, de l’eau et des sols, la destruction d’habitats de certaines espèces animales et végétales, l’augmentation du ruissellement (eau qui s’écoule à la surface du sol), l’aggravation des risques d’inondation, les îlots de chaleur urbains* (zones où il fait plus chaud qu’ailleurs à cause des surfaces en béton et activités humaines).

Certains de ces impacts négatifs posent des défis dans la gestion de l’eau en ville, qui ont été compensés par la mise en place d’infrastructures dites grises, en référence à leur matériau principal de construction : le béton. On y retrouve, par exemple, les usines de traitement des eaux (permettant de filtrer les polluants de l’eau), les réseaux d’égouts (permettant d’évacuer les eaux de ruissellement et les eaux usées). Ces infrastructures démontrent une certaine efficacité, mais certains choix de construction comme le raccordement des eaux pluviales au réseau d’eaux usées, provoquent, entre autres, des rejets dans le milieu naturel et des inondations urbaines lors d’épisodes pluvieux intenses, car les réseaux ne sont pas conçus pour réceptionner autant de rejets à la fois.

C’est ici que le vert intervient ! Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) ont été développées en réponse à l’inefficacité des infrastructures grises. Ces solutions utilisent et s’inspirent des mécanismes et processus naturels des écosystèmes* en les appliquant dans les villes. Parmi ces SfN, on retrouve les forêts urbaines (qui sont de grands espaces densément plantés d’arbres), mais aussi les arbres de pluie (plantés en alignement le long des routes et des boulevards) ainsi que les jardins partagés. Ces lieux, au-delà du bien-être qu’ils procurent aux habitants, permettent également la pénétration des eaux de pluies dans le sol, ce qui réduit la quantité d’eau restant en surface et provoquant des inondations. Pour que les SfN soient efficaces, il est important de choisir des espèces végétales (arbres, buissons) qui sont adaptées au climat de la ville, et ayant une esthétique agréable, mais également avec des caractéristiques particulières. Par exemple, la largeur de leurs feuilles et la profondeur des racines sont déterminantes dans leur capacité à faire pénétrer plus facilement l’eau dans le sol et à l’absorber, contrairement aux zones bétonnées, où l’eau ruisselle rapidement à la surface et peut provoquer des inondations.

Les villes réinventent leur rapport à l’eau

Aujourd’hui, les SfN se démocratisent en milieu urbain, et de nombreux exemples existent aujourd’hui à travers le monde. Nous aborderons deux exemples notables.

À Albufeira au Portugal, la rivière traversant la ville a été canalisée et enterrée avec l’extension de la ville, entrainant des inondations dues au ruissellement et au manque d’espace laissé à la rivière. Un ambitieux projet vise aujourd’hui à créer un “couloir vert”* autour d’elle, intégrant des SfN : zones humides* pour améliorer la qualité de l’eau et favoriser la biodiversité, jardins et prairies humides pour limiter le ruissellement*, revêtements perméables (béton spécial qui laisse passer l’eau) pour l’infiltration de l’eau de pluie, zones végétalisées pour permettre aux crues de se répendre ailleurs que dans la ville, … Cet ensemble permettra ainsi de lutter contre les inondations, mais également de refroidir la ville pendant les vagues de chaleur. De plus, les SfN créent des habitats pour la faune et la flore, tout en offrant des espaces de nature et de loisirs pour les habitants. Cette diversité d’effets montre la capacité des SfN à répondre à de nombreuses problématiques.

Le concept de couloir vert d’Albufeira. ©Blau, Luz, et Panagopoulos 2018

Autre exemple, le campus de LyonTech – la Doua à Villeurbanne, où trois générations de SfN coexistent pour gérer les eaux pluviales. La première repose sur des bassins, recueillant puis infiltrant les eaux de pluie dans les sols, via un réseau de tuyaux, nécessitant de l’espace et des infrastructures coûteuses. La deuxième est similaire, mais optimise l’espace en introduisant des infrastructures multifonctionnelles comme des terrains de sport ou des espaces verts servant de zones d’infiltration. La troisième, quant à elle, a pour but de réduire le ruissellement à la source via des tranchées drainantes, des revêtements de routes perméables, des fossés végétalisés… qui s’intègrent au paysage, et, ensemble, couvrent de larges surfaces.

Depuis 2016, le programme scientifique Micromégas évalue l’efficacité des SfN dans la gestion des micropolluants et du ruissellement, faisant de ce campus un “laboratoire” à ciel ouvert. Les résultats montrent une forte réduction du ruissellement, et une diminution de plus de 50% des pesticides et métaux lourds, grâce, notamment, à la filtration du sol.

Cependant, créer une “culture de site”* est nécessaire pour sensibiliser et impliquer les usagers, et réduire les polluants. Ce concept désigne les pratiques et connaissances spécifiques dans un lieu donné. Des panneaux informatifs pourraient, par exemple, être installés, ce qui n’est pas encore le cas.

Entre recherche scientifique et gestion des eaux pluviales du campus de la Doua, des dispositifs techniques à la source de l’OTHU, les flèches bleues représentent l’arrivée de l’eau. © Arnaud Foret, 2024.

 

Limites, enjeux et perspectives : le cœur des défis

Les SfN sont de plus en plus valorisées pour leur rôle dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, attirant l’attention des décideurs politiques. Présentées comme plus rentables et démocratiques que leurs alternatives techniques, elles sont toutefois confrontées à des limites, notamment des coûts élevés, une dépendance à d’autres solutions et des contraintes d’espace en milieu urbain.

Leur efficacité reste difficile à évaluer en raison d’une grande variabilité des données, compliquant la comparaison avec les solutions d’ingénierie civile. Un suivi à long terme est essentiel pour mesurer leurs effets et établir des directives claires. Par ailleurs, la distinction entre SfN et solutions techniques mérite d’être approfondie, certaines infrastructures étant classées différemment selon les approches. Cela est problématique car la définition des SfN reste floue. Un exemple emblématique est celui des bassins d’infiltration. Initialement considérés comme des SfN, ils sont aujourd’hui souvent classés parmi les solutions d’ingénierie civile en raison des travaux considérables qu’ils impliquent.

Enfin, bien que les SfN fassent l’unanimité au sein de la communauté scientifique, leur rôle dans une “urbanisation durable”* doit être mieux précisé. Il est essentiel de démontrer concrètement comment elles contribuent à une gestion respectueuse de la ressource en eau.


Sources

Blau, M. L., Luz, F., & Panagopoulos, T. Urban River Recovery Inspired by Nature-Based Solutions and Biophilic Design in Albufeira, Portugal. Land, 7(4), Article 4. (2018).

Comby, É., Rivière-Honegger, A., Cottet, M., Ah-Leung, S., & Cossais, N.  Les « techniques alternatives » sont-elles envisagées comme un outil de gestion qualitative des eaux pluviales ? Développement durable et territoires. Économie, géographie, politique, droit, sociologie, Vol. 10, n°3, Article Vol. 10, n°3. (2019).

GRAIE, BACOT, L., BARRAUD, S., INSA, L. D., HONEGGER, A., & LAGARRIGUE, C.  Devenir des micropolluants au sein des ouvrages de gestion des eaux pluviales a la source ou centralisés. (2020).

UICN. Les Solutions fondées sur la Nature. UICN France. (2024).


Glossaire

Couloir vert : Un corridor ou couloir vert est un couloir de végétation, permettant la présence de milieux naturels et végétalisés, et la circulation des espèces animales et végétales.

Culture de site : La culture de site désigne les pratiques et connaissances spécifiques dans un lieu donné, intégrant les conditions environnementales, les dynamiques écologiques et les usages humains. Cela peut inclure la gestion durable des ressources naturelles ou l’adaptation des pratiques agricoles et forestières aux particularités locales.

Écosystème : un écosystème est un ensemble formé par une communauté d’êtres vivants, animaux, végétaux et champignons (biocénose), en interaction les uns avec les autres et avec leur environnement physique (biotope).

Expansion des crues : Les zones d’expansion des crues sont des espaces naturels ou aménagés où se répandent les eaux lors du débordement des cours d’eau dans leur plaine inondable, protégeant les milieux urbains alentours et à l’aval.

Îlots de chaleur : zones urbaines où la température est nettement plus élevée que dans les zones environnantes, en raison de l’absorption et de la conservation de la chaleur par des surfaces urbaines telles que l’asphalte et le béton.

Ruissellement : En hydrologie, le ruissellement est l’écoulement des eaux à la surface de la terre, notamment la surface des sols, contrairement à celle y pénétrant par infiltration.

Urbanisation durable : L’urbanisme est durable lorsque l’aménagement est conçu sur le long terme. Il favorise une gestion raisonnée des ressources naturelles, telles que l’eau, tout en mettant en place des solutions pour adapter les territoires aux effets du changement climatique.

Zones humides : les zones humides sont des milieux naturels caractérisés par la présence d’eau, qu’elle soit en surface ou dans le sol, de façon permanente ou temporaire.


Ont participé au travail d’écriture de cet article, en collaboration avec Arnaud Foret, Clément George, Coline Héritier, Océane Joet, Margaux Pred’Homme, étudiants du master 2 IWS (par ordre alphabétique) : BADOIL Emeline, BARBEROT Elin, BUI-LIGOUZAT Myanh, BURGER Marie, FARENC Jeanne, GAÏDI Sara, GODÉ Eulalie, LEFEBURE Rachel, POIZAT Elodie, STOYANON Yani, WERQUIN-THEISMANN Léopoldine-Chan

L’intelligence artificielle : nouvelle alliée pour sauver nos ressources en eau ? | #3 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

LL’intelligence artificielle : nouvelle alliée pour sauver nos ressources en eau ? | #3 – Dossier Pop’Sciences : Les actualités de l’eau

L’intelligence artificielle (IA) est une alliée discrète mais essentielle dans notre quotidien. Bien que son rôle dans la robotique et la santé soit bien établi, son implication dans la gestion de l’eau l’est beaucoup moins. Pourtant, des réseaux de distribution d’eau aux satellites en passant par le suivi des polluants, l’IA révolutionne notre compréhension et notre capacité à préserver cette ressource. Quels progrès permet-elle ? Sommes-nous prêts à l’intégrer pleinement à notre gestion de l’eau ? Jusqu’où devons-nous lui faire confiance ? Plongeons ensemble au cœur du débat.

Un article rédigé par Sonagnon Donald Boko, Romain Dopierala et Louis Estienne, étudiants du master 2 IWS de Lyon et la classe de terminale BFI du lycée Jean Perrin (Lyon) de Mr Jonatan Christiansen (la liste des élèves est mentionnée en fin d’article) – Avril 2025.

L’eau est une ressource vitale, mais elle fait face à de nombreux défis liés au changement global, notamment l’urbanisation et le changement climatique, qui entraînent des épisodes de pollution, de sécheresse et d’inondation. Pour y répondre, l’intelligence artificielle (IA) propose des solutions innovantes et ouvre de nouvelles perspectives.

En analysant des données fournies ou collectées par des capteurs, l’IA traite l’information, résout des problèmes et détermine les actions les plus adaptées. Ses applications sont variées : l’IA prédictive permet d’anticiper des événements météorologiques ; l’IA embarquée, intégrée dans des objets connectés autonomes, facilite la surveillance des milieux aquatiques et de la biodiversité à distance ; enfin, l’IA générative, désormais bien connue avec des outils comme DALL·E ou ChatGPT, créée du contenu textuel ou audiovisuel.

L’intelligence artificielle suscite des perceptions diverses, influencées par les expériences personnelles et professionnelles de chacun. Si elle transforme déjà notre quotidien, quel est son impact concret sur la gestion de l’eau et de l’environnement ?

Observer et comprendre l’eau depuis le ciel

Grâce aux satellites comme Landsat ou Sentinel-2, il est désormais possible d’observer l’environnement à grande échelle avec une précision inédite en enregistrant diverses images essentielles, c’est la télédétection. Cependant, le traitement d’une telle quantité de données requiert des ressources considérables. C’est ici que l’IA intervient, par exemple, en filtrant les images dès leur acquisition (elle élimine celles où le couvert nuageux est trop important).

Pour le suivi des sédiments fluviaux, l’IA permet de détecter leurs différentes tailles, une tâche laborieuse et ponctuelle sur le terrain. Or, la taille des sédiments est un paramètre clé pour comprendre la dynamique fluviale. Lorsque l’apport naturel en sédiments – qu’il s’agisse de sable, d’argile ou de galets – diminue, le cours d’eau compense en érodant les berges et son lit. Cette érosion fragilise les rives et perturbe l’équilibre entre l’eau de la rivière et la nappe souterraine. Ce phénomène a des répercussions majeures, non seulement sur la préservation des écosystèmes aquatiques, mais aussi sur les usages humains, notamment l’approvisionnement en eau et l’hydro-électricité.

Granulométrie réaliser par Galet ©Styx4D

Ici, l’IA Galet V1 développée par Styx4D permet d’établir la granulométrie d’un banc de galets avec un gradient de couleur : rouge pour les plus grossiers, bleu pour les plus petits. En bas à droite, on retrouve un zoom sur le fonctionnement de l’IA, entraînée pour recomposer les galets partiellement visibles, pour avoir une plus juste mesure.

Autre exemple, en agriculture, l’IA analyse des cartes d’humidité des sols et de structure des sols – qui reflète la capacité à retenir l’eau – pour recommander aux agriculteurs le meilleur moment pour arroser et la bonne quantité d’eau à utiliser. Cela assure une meilleure croissance des cultures, tout en préservant les ressources en eau.

Lutter contre les fuites d’eau

En France, 20 % de l’eau potable transportée dans le réseau de distribution est perdue. Ce qui représente des millions de litres gaspillés chaque année et engendre un coût économique et environnemental considérable. Ce problème, souvent méconnu, nécessite des solutions efficaces pour limiter ces pertes. Grâce à l’IA intégrée aux capteurs connectés des canalisations, les fuites sont désormais détectées en temps réel avec une grande précision. Ces algorithmes permettent d’intervenir rapidement avant qu’elles ne s’aggravent, réduisant ainsi les coûts de maintenance et anticipant même certaines défaillances avant qu’elles ne surviennent.

Prédire et prévenir les pollutions aquatiques

L’IA joue également un rôle clé dans la surveillance des réseaux d’eaux usées, en aidant à détecter les fuites qui peuvent être sources de pollution. Par exemple, des caméras connectées à des systèmes d’IA sont capables d’analyser l’état des canalisations et d’identifier d’éventuelles défaillances, permettant ainsi d’intervenir avant qu’une fuite ne se produise. L’entreprise suisse Pallon développe notamment des technologies innovantes dans ce domaine.

Évaluation de l’état d’une canalisation d’eau usée ©e.g. Pallon Ltd., Zurich, Switzerland.

Plus largement, la qualité de l’eau est un élément fondamental des écosystèmes aquatiques, et sa pollution constitue une menace majeure pour l’environnement et, par extension, pour la santé humaine. L’IA est essentielle dans l’analyse prédictive des événements futurs et la modélisation de scénarios. Grâce à ses capacités de calcul avancées, elle permet d’identifier le scénario le plus pertinent en fonction des critères définis.

En croisant les données des capteurs de qualité de l’eau et des images satellites, l’IA identifie l’origine des pollutions (industrielles, agricoles ou accidentelles). Elle permet également de suivre et modéliser la dispersion des polluants, afin d’anticiper leur évolution et d’alerter les autorités avant que la situation ne devienne critique.

De même, le réchauffement des cours d’eau met en péril la biodiversité aquatique et exacerbe les effets des pollutions organiques (engrais, rejets des stations d’épuration…). De nombreux organismes, comme les poissons, sont extrêmement sensibles aux variations de température. Là encore, l’IA joue un rôle clé en améliorant la modélisation de la température des cours d’eau selon différents scénarios. Ce qui aide à la mise en place de mesures de protection, telles que la revégétalisation des berges pour limiter le réchauffement de l’eau.

Générer pour mieux gérer

Après avoir exploré l’impact de l’IA embarquée et prédictive sur les sciences de l’eau, penchons-nous à présent sur l’IA générative à travers deux exemples concrets. Pour faire évoluer Galet V1 vers Galet V2, l’amélioration des modèles d’IA a nécessité un entraînement supervisé approfondi. Les images réelles disponibles ne suffisaient pas : elles étaient trop peu nombreuses, manquaient de diversité et ne permettaient pas une bonne compréhension des surfaces partiellement visibles. Cette limitation a conduit à la décision de générer des images encore plus réalistes que celles utilisées pour la V1. Grâce à l’utilisation de Stable Diffusion, des images photoréalistes ont été créées, avec des dimensions des galets connues, permettant ainsi d’entraîner le modèle V2 de manière optimale. Les jeux de données générés par Styx4D sont présentés ci-dessous.

Images générées par Stable Diffusion et entraînement de détection de galets par Galet ©Styx4D.

Un autre domaine où l’IA générative trouve des applications intéressantes est l’aide à la décision. Un exemple concret de cette application est celui des étudiants du Master Integrated Watershed Sciences de H2O’Lyon, qui ont utilisé Fooocus AI pour générer des images à partir d’une image de bonne qualité. L’IA, lorsqu’elle reçoit un « prompt » — instructions données à l’IA pour générer du contenu. — modifie l’image en fonction de ces instructions.

L’implémentation des solutions fondées sur la nature nécessite souvent des supports visuels pour faciliter la communication et la projection de ces aménagements entre les différents intervenants — urbanistes, gestionnaires des eaux pluviales ou citoyens. Par exemple, pour la place Bellecour, les suggestions, étaient l’intégration d’arbres en pot ou en pleine terre, de pelouses, mais aussi l’optimisation de la circulation piétonne au sein de structures végétales (jardins à la française) et l’intégration d’espaces polyvalents tels que des aires de loisirs ou des terrains de sport.

Images générées de la place Bellecour à Lyon selon différents aménagements. ©H2O’Lyon

Ces visuels jouent également un rôle essentiel dans la sensibilisation des citoyens et des responsables politiques aux effets du changement climatique et à son impact sur des espaces urbains emblématiques. Enfin, deux scénarios de catastrophes naturelles ont été générés : une simulation de sécheresse sur le lac du parc de la Tête d’Or et une autre d’inondation dans le quartier de l’Hôtel-Dieu.

Génération d’un scénario de sécheresse sur la lac de la Tête d’Or, Lyon. ©H2O’Lyon

Génération d’un scénario d’inondation à l’Hôtel-Dieu, Lyon. ©H2O’Lyon

Vers une gestion intelligente et responsable de l’eau

L’intelligence artificielle présente un fort potentiel, mais soulève également des défis majeurs, qui ne sont pas uniquement technologiques, mais aussi sociétaux et environnementaux. L’IA, fondée sur des algorithmes, hérite des biais des données utilisées pour son apprentissage. Si ces données sont incomplètes ou biaisées, les résultats peuvent être faussés. Un autre défi majeur est l’effet « boîte noire » : certains modèles d’IA manquent de transparence, rendant leurs décisions difficiles à expliquer, ce qui freine leur adoption en toute confiance. Ces limites alimentent des préoccupations sociétales et éthiques, notamment en matière de transparence et de confiance dans ces technologies.

À cela s’ajoute un enjeu environnemental, particulièrement pertinent dans le domaine des sciences de l’eau : par exemple, l’entraînement de ChatGPT-3 a consommé 1 287 MWh d’électricité, générant 552 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de plus de 300 allers-retours Paris-New York !

Malgré ces défis, l’IA peut être une alliée stratégique, à condition d’être encadrée par des principes solides. Elle ne doit pas remplacer l’intelligence humaine, mais la compléter. Sa gouvernance et son développement nécessitent une supervision rigoureuse et des outils de contrôle adaptés. Pour cela, la communauté scientifique a identifié cinq piliers fondamentaux : la justice, pour garantir une représentation équitable des minorités ; l’explicabilité, afin de rendre ses décisions compréhensibles ; la robustesse, pour éviter erreurs et dérives ; la transparence, afin d’assurer un usage responsable ; et la protection des données, pour préserver leur confidentialité.

Quoi qu’il en soit, les sciences de l’eau n’ont pas fini d’évoluer !


Ont participé au travail d’écriture de cet article, en collaboration avec Sonagnon Donald Boko, Romain Dopierala et Louis Estienne, étudiants du master 2 IWS (par ordre alphabétique) : Al Barazi Omar, Ayadi Aya, Bolitho-Cummins Frédérick, Deglon Thomas, Desire-Piombo Pia, Hainaut Niagara , Mezrar Ilyan, Nedelec-Spencer Gaëlle Anne, Keissy Léna, Petit Melina and Thiery Yaelle.

Journalisme et science, quelles relations ? | Un dossier Pop’Sciences

JJournalisme et science, quelles relations ? | Un dossier Pop’Sciences

D’un côté, entre demandes extemporanées, ambivalence face aux publications scientifiques, souhait de répondre à l’attente des lecteurs, auditeurs, et, de l’autre, une temporalité de la recherche sur un temps long, la prise de recul, le temps de la réflexion, d’ajustements, de confrontations… journalistes et chercheurs ont-ils malgré tout un objectif commun de production et de diffusion des savoirs ?

Comment ces deux instances, médiatique et scientifique, ancrées dans des cultures différentes, traitent de l’actualité scientifique ? Qui, quoi influe dans la sélection de l’information ?

C’est au cours d’un séminaire Pop’Sciences rassemblant les acteurs de la culture scientifique et technique de Lyon et Saint-Étienne que deux tables rondes ont été organisées sur la thématique de la relation entre chercheur et journaliste. Ce dossier vous en propose une restitution au travers de deux articles.

LLes articles du dossier

  • #1 – Résidence croisée chercheur – journaliste : le temps de se comprendre pour mieux faire ensemble, rédigé par Anne Guinot pour Pop’Sciences – Avril 2025

©Vincent Noclin

Dans le cadre du projet LYSiERES², projet labellisé « Science avec et pour la société » par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Pop’Sciences a organisé deux résidences croisées entre un.e journaliste et une chercheuse, en 2023 et en 2024. Cette résidence avait pour objectif de faire se rencontrer les deux professions, qui sont parfois en relation, mais dont les fonctionnements et impératifs différent largement. Grâce à plusieurs semaines de travail en binôme chercheur/journaliste, la résidence permet de mieux comprendre les problématiques de chaque corps de métier et ainsi faciliter la collaboration entre les deux professions dans un objectif commun de production et de diffusion des savoirs.

Lire l’article #1

  • #2 – La relation chercheur – journaliste : vécus et expériences, rédigé par Étienne Richard pour Pop’Sciences – Avril 2025

©Vincent Noclin

Comment les chercheurs conçoivent-ils leurs relations avec la presse ? Quand et comment les journalistes sollicitent-ils les chercheurs ? Comment travaillent-ils ensemble ? Pour explorer ces questions, trois chercheurs, trois journalistes et une directrice de la communication sont venus partager leurs expériences.

 

Lire l’article #2

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MMerci !

Pop’Sciences remercie les différents intervenants qui ont accepté de participer à la rencontre avec le réseau des acteurs de culture scientifique et technique le 17 mars 2025 :

> Patrice Abry, directeur de recherche – Laboratoire de Physique ENS de Lyon – Traitement du signal

> Coralie Bouchiat, maître de conférences universitaire – Praticien Hospitalier au sein du Centre international de recherche en infectiologie – CIRI – à Lyon

> Arthur Braun, enseignant chercheur – Unité de recherche CONFLUENCE : Sciences et humanités – Droit public

> Grégory Fléchet, journaliste scientifique indépendant (site)

> Muriel Florin, journaliste au Progrès

> Jean-François Gérard, directeur adjoint scientifique Institut de chimie – CNRS – Recyclage – Recyclabilité & ré-utilisation des matières

> Aude Riom, directrice de la communication ENS de Lyon

> Guillaume Rosi, journaliste BFM Lyon, en charge de la confection des programmes et des magazines thématiques

> Anaïs Sorce, journaliste radio à RCF Lyon

Ainsi que :

> l’Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) de l’UCLy et RCF Lyon qui nous ont accueillis et permis d’organiser ce séminaire dans l’espace convivial de la Maison de la Recherche et de l’Entreprise de l’UCLy (merci particulièrement à Anne-Sophie Ancel, Lorraine Guitton, Dorothée Eicholz pour leur accompagnement).

Résidence croisée chercheur – journaliste : le temps de se comprendre pour mieux faire ensemble | #1 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ?

RRésidence croisée chercheur – journaliste : le temps de se comprendre pour mieux faire ensemble | #1 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ?

Faire se rencontrer chercheurs et journalistes pour davantage se connaître et collaborer ? Tel est le pari du dispositif de résidence croisée mis en place par l’équipe Pop’Sciences de l’Université de Lyon, dans le cadre du projet LYSiERES². Un défi relevé avec succès lors d’une première résidence en 2023. Retours sur la seconde édition qui révèle une nouvelle expérience féconde et l’envie d’une meilleure coopération aux bénéfices partagés.

210 heures, soit 30 jours : c’est le temps que Guillemin Rosi, en charge de la confection des programmes et des magazines thématiques sur BFM Lyon et Coralie Bouchiat, chercheuse au CIRI[1] , auront passé ensemble à la fin de cette seconde résidence croisée, débutée en octobre 2024. La chercheuse s’est rendue dans la rédaction de BFM, en binôme avec le journaliste, qui, par la suite, a rejoint la microbiologiste dans son laboratoire. Objectif : découvrir le métier de l’autre, « s’acculturer » à son univers, avec pour but de contribuer à améliorer les collaborations entre les deux professions. À l’issue de cette immersion, les deux acteurs vont créer des objets pour rendre compte de cette découverte mutuelle. Une bande dessinée ainsi qu’un podcast sont en projet.

À l’origine : une méconnaissance mutuelle et une certaine curiosité…

Avant de débuter l’aventure, Coralie Bouchiat et Guillemin Rosi partagent le même constat : les relations entre leurs deux métiers sont distantes, voire inexistantes pour la chercheuse : « Mon rapport avec les journalistes avant ? Aucun ! ». Le journaliste confirme que son lien avec la recherche est distendu et qu’il intervient plutôt selon les besoins de l’actualité. Travaillant dans un média grand public, il cherche à obtenir des informations facilement « vulgarisables » et accueillir un invité « bon client qui ne va pas ennuyer ou perdre le téléspectateur… ».

Qu’est-ce qui a poussé les deux participants à répondre à l’appel à projet LYSIERES² ? La curiosité ! La chercheuse avait envie d’un projet alternatif et le journaliste souhaitait comprendre les raisons des difficultés entre médias et sciences.

Souvenirs du premier jour de résidence : ça pique !

Les premiers moments de la résidence vont bien vite les faire renoncer à leurs préjugés sur la profession de l’autre… À son arrivée au siège de BFM Lyon, la chercheuse est frappée par la discrétion des locaux et la modestie des moyens : « La journaliste qui allait rentrer sur le plateau n’avait ni maquilleuse, ni coiffeuse. La jeune reporter partait sur le terrain seule, avec son iPhone et son trépied dans un sac à dos. J’imaginais cet univers avec un peu plus de paillettes ! ». Le journaliste n’est pas, non plus, épargné par la surprise, en entrant, pour la première fois, dans les locaux du CIRI (dont les membres sont partis en congrès). Il découvre un bâtiment immense quasiment vide, assez froid, alors qu’il pensait accéder à lieu très fréquenté et collaboratif : « Les chercheurs ne sont pas là physiquement, ils sont toujours à droite, à gauche. C’est l’inverse de ce que je connais dans mon quotidien ! ». Et puis, il prend conscience que l’activité de recherche n’est pas la seule qui occupe le scientifique : « Il y a plein de temps qui ne sont pas consacrés à la recherche pure : démarches administratives, enseignement ».

Des univers de travail aux antipodes

Chacun va connaître de nouvelles surprises, en approchant le milieu de son binôme. Coralie Bouchiat découvre six personnes réunies dans un open-space, qui se parlent du matin au soir et s’interrompent en permanence : une véritable ruche… « J’ai mis quelques jours à comprendre qu’ils coconstruisent (sur un reportage, l’un va couper les images un autre fait le liner[2] et un autre fait la voix off…) : et en fait, ça marche ! C’est à l’opposé de notre fonctionnement. Dans mon métier, chacun s’occupe de sa tâche de A à Z et il lui faut un minimum de concentration ». Guillemin Rosi confirme qu’il a perçu le métier de chercheur comme solitaire, penché sur sa paillasse ou devant l’ordinateur et conclut : « Je croyais que l’on faisait de la science comme moi je travaillais l’info ».

©Vincent Noclin – Séminaire Pop’Sciences mars 2025

« On n’a pas du tout le même espace-temps »

Ce qui semble aussi différencier radicalement l’univers de la chercheuse de celui du journaliste, c’est la conception du temps. Le journaliste fonctionne dans l’urgence permanente et son unité de temps, c’est l’heure ou la journée, pour préparer le programme de son JT. Il a ainsi du mal à comprendre pourquoi un chercheur ne parvient pas à se rendre disponible immédiatement car « dans l’actualité, un délai d’un mois, une semaine, un jour, ce sera trop tard en fonction du sujet » résume Guillemin Rosi. Dans ce contexte, le journaliste se voit remettre, chaque matin, une tâche à accomplir qui se termine à la fin de la journée. À l’inverse, le processus de travail du chercheur semble infini : pour Coralie Bouchiat, « on n’a jamais de sentiment d’achèvement dans la recherche (y compris quand l’on termine la rédaction d’un articleet l’on ne travaille pas dans l’urgence ». En effet, même si le chercheur est confronté aussi à des délais (congrès, publications), on parle de mois, d’années alors que pour le journaliste, il s’agit d’heures ou de journées.

Le sentiment d’illégitimité du chercheur : « je ne suis pas spécialiste de… »

Autre obstacle à la collaboration : la difficulté, pour les journalistes, à trouver des chercheurs qui répondent à leurs sollicitations. Guillemin Rosi admet que les volontaires sont rares, à part quelques personnalités habituées et disponibles rapidement. Une cause possible serait ce fameux « sentiment d’illégitimité » du chercheur qui l’empêche d’intervenir. Coralie Bouchiat l’exprime ainsi : « Je suis spécialiste en recherche biomédicale. Pas spécialiste de la coqueluche. J’aurais l’impression de voler la légitimité à l’expert de la coqueluche si j’intervenais sur ce sujet dans les médias. Cela serait très mal vu par mes pairs ». S’ajoute à cela la peur du chercheur de voir ses propos déformés, alors qu’il est attaché à la nuance, à la précision et que le journaliste peut être tenté de prendre des raccourcis. Comme le souligne Coralie Bouchiat : « Il y a du travail à faire pour que les chercheurs arrivent à vulgariser ».

Et l’avenir, ce serait mieux comment ?

Du côté du journaliste, les attentes ne manquent pas mais les solutions sont possibles : en matière d’accès à l’information, tout d’abord. Celles qui figurent dans les revues scientifiques étant trop techniques et peu accessibles. Il faut aussi pouvoir contacter facilement les chercheurs : « c’est indispensable d’avoir un numéro de mobile pour joindre quelqu’un dans la journée ». Enfin, les laboratoires doivent accepter de donner à voir et mettre à disposition des banques d’images ou des vidéos.

Qu’en est-il pour la chercheuse ? « Cette résidence m’a permis de découvrir le monde du journalisme, qui finalement ne fait pas si peur, et surtout de prendre conscience de notre incapacité dans la vulgarisation et communication de nos résultats, ce qui est bien dommage… ». Selon elle, il faut convaincre le chercheur que parler de son travail peut valoriser son activité. Cette sensibilisation doit intervenir au plus tôt, dans le cadre du doctorat, par exemple.

Enfin, le sentiment d’illégitimité du chercheur peut être vaincu avec l’aide du journaliste, qui, comme le rappelle Guillemin Rosi, peut cadrer son intervention, le mettre à l’aise sur sa légitimité pour aborder quelque chose de plus vaste que sa spécialité. À condition qu’il accepte de se placer à la portée du journaliste et du public. Comme le résume le physicien Patrice Abry, qui assiste à la restitution : « la vulgarisation scientifique, c’est peut-être renoncer à l’usage de la technique, mais pas renoncer à parler de la science ».

Un article rédigé par Anne Guinot,

co-rédactrice en chef Pop’Sciences Mag – 16 avril 2025

 

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Notes

[1] CIRI – Centre International de Recherche en Infectiologie : https://ciri.ens-lyon.fr/

[2] Liner : en communication, un liner est un court message écrit (à la TV) ou parlé (à la radio) permettant au destinataire d’identifier ce qui est présenté : nom de la chaîne, de l’émission, de l’artiste, de la personne interviewée, du titre, du produit, de la marque (source : Wikipedia).

 

 

 

 

 

 

La relation chercheur – journaliste : vécus et expériences | #2 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ?

LLa relation chercheur – journaliste : vécus et expériences | #2 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ?

Comment les chercheurs conçoivent-ils leurs relations avec la presse ? Quand et comment les journalistes sollicitent-ils les chercheurs ? Comment travaillent-ils ensemble ? Pour explorer ces questions, trois chercheurs, trois journalistes et une directrice de la communication sont venus partager leurs expériences lors d’une rencontre organisée par Pop’Sciences à l’occasion d’un séminaire le 17 mars 2025.

Chercher, écrire, publier. Les tâches des journalistes et des chercheurs se ressemblent, mais répondent à des objectifs, des logiques et des dynamiques différentes. Pour les premiers , il s’agit d’informer un public plus ou moins éclairé sur des sujets scientifiques en faisant valoir leur pertinence en fonction de l’actualité et en respectant des contraintes temporelles et éditoriales. Pour les seconds, il s’agit de faire avancer un processus de recherche long et méconnu du grand public. La diffusion de cette recherche, et de la science en général, dépend fortement de la relation qu’établissent chercheurs et médias. Comment chacun envisage cette relation ? Comment la vivent-ils et quelles pistes entrevoient-ils pour l’améliorer ?

Sélectionner des sujets : des contraintes et des critères différents

La relation entre journalistes et chercheurs commence dès le choix des sujets à traiter. Pour ouvrir la table-ronde du séminaire Pop’Sciences du 17 mars 2025, les journalistes ont donc été invités à présenter leurs critères de sélection.

Leurs réponses ont révélé tout d’abord que chaque type de média n’est pas soumis aux mêmes contraintes ni aux mêmes objectifs. Une première différence réside dans le temps dédié au traitement des sujets. De ce point de vue, la presse spécialisée semble bénéficier d’une temporalité plus étendue, comme le souligne Grégory Fléchet : « Au journal du CNRS ou à Pop’Sciences, on a plus de temps pour préparer un article, cela peut prendre des semaines. Cela nous laisse le temps de préparer des questions en amont, de nous intéresser aux sujets. ». Les médias locaux, généralistes, sont en revanche soumis à des délais plus réduits. « Les heures sont comptées dans les rédactions » témoigne Muriel Florin, journaliste au Progrès. À cette contrainte temporelle s’ajoutent aussi des impératifs d’audience, notamment en presse écrite, qui peuvent conditionner le choix des sujets traités : « Il faut que cela ait un intérêt pour le grand public. Si je fais un sujet sur les tatouages, par exemple, cela va mieux marcher qu’un sujet beaucoup plus pointu ». Et cet intérêt du grand public pour des sujets scientifiques peut être suscité par divers moyens : « Le but est que l’auditeur prenne conscience que la science sert à quelque chose, qu’il voie quelles peuvent en être les retombées pratiques », estime Anaïs Sorce, journaliste et chroniqueuse à la radio RCF Lyon. Tandis que, pour Muriel Florin, la préoccupation sociale pour certains sujets est également un élément essentiel : « C’est important qu’il y ait un intérêt sociétal, par exemple le plastique, la pollution, ce genre de chose. Ce sont des sujets scientifiques qui intéressent ».

Communiquer avec le grand public : une mission peu valorisée chez les chercheurs

Si « la mission de communication auprès du grand public est indispensable et fondamentale pour le chercheur », comme le précise Patrice Abry, directeur de recherche au laboratoire de physique de l’ENS de Lyon, celle-ci est aussi « contradictoire avec son évaluation » selon Jean-François Gérard, directeur adjoint scientifique à l’institut de chimie du CNRS, car peu valorisée et reconnue dans les carrières universitaires. D’autant que, dans certaines disciplines, les chercheurs ne sont pas les interlocuteurs privilégiés. C’est notamment le cas en droit reconnaît Arthur Braun, : « Les journalistes peuvent aussi se tourner vers des avocats, des magistrats, vers des praticiens de manière générale ». Ces raisons encouragent donc d’autant plus les chercheurs à privilégier exclusivement des outils de communication purement académiques (publications, colloques). Surtout que l’exercice médiatique peut également susciter certaines peurs liées au fait de devoir prendre position ou de s’exprimer sur un sujet qu’un chercheur connaît moins : « Souvent les chercheurs craignent de se faire embarquer dans un chemin où on va demander leur avis et ainsi engager leur institution, leur laboratoire, leurs tutelles… », explique Aude Riom, directrice de communication à l’ENS de Lyon.

« Nous ne sommes sollicités que sur des catastrophes »

À ces craintes s’ajoute le sentiment, pour les chercheurs, de n’être sollicités que dans l’urgence. « Nous ne sommes contactés la plupart du temps que lorsqu’il y a des catastrophes, des problèmes », commente Jean-François Gérard, regrettant de ne pas voir aborder des sujets qui ne sont pas forcément spectaculaires et ne font pas immédiatement sensation. Or, ces situations d’urgence nécessitent un traitement médiatique immédiat auquel les chercheurs ne sont pas toujours préparés, rendant parfois l’exercice embarrassant : « Un de mes collègues en droit constitutionnel était sur un plateau de télévision le soir de la dissolution [du gouvernement] » relate Arthur Braun « le pauvre s’est retrouvé submergé par un tas de questions techniques auxquelles il n’avait aucune réponse ». Les chercheurs sont également sollicités pour répondre à des déclarations ou vérifier des informations circulant sur les réseaux sociaux. « C’est encore de l’urgence », remarque Jean-François Gérard, craignant de devoir parfois apporter des réponses sur des problèmes « plus difficiles […] contenant des connotations politiques ».

Des objectifs différents, des concessions à réaliser ?

©Vincent Noclin – Séminaire Pop’Sciences mars 2025

Si les chercheurs sont parfois surpris par la manière dont les médias les sollicitent, cela est sans doute dû au fait que leurs objectifs diffèrent. « Le chercheur fait de la science, et les médias doivent apporter des sujets qui vont intéresser un public et qui vont avoir une audience », explique Muriel Florin, avant d’ajouter que ces deux démarches ne sont « pas incompatibles à partir du moment où chacun fait un petit pas vers l’autre ». Ce petit pas peut, de la part des journalistes, se traduire par un ensemble d’intentions visant à favoriser une relation de confiance, comme le fait de faire relire leurs articles ou bien de transmettre leurs questions en amont d’une interview, quitte, selon Grégory Fléchet, « à perdre en spontanéité dans les réponses ». Les chercheurs, quant à eux, pourraient envisager l’exercice médiatique comme une forme particulière de transmission de leurs connaissances pour laquelle, comme le rappelle Patrice Abry : « il y a une responsabilité de se préparer ».

Co-construction et relation de confiance : des clés pour mieux travailler ensemble ?

Cette logique de « concessions » constitue cependant une piste assez limitée pour améliorer la relation entre chercheurs et journalistes. Étendre cette perspective consisterait à favoriser un travail de « co-construction » qui impliquerait, selon Aude Riom, « de sortir de nos logiques cloisonnées pour rentrer dans des logiques d’encouragements et de rencontres qui donnent du sens à notre métier de chargée de communication ». Cette co-construction pourrait prendre forme à travers l’implication directe des chercheurs dans la recherche de sujets à exploiter, une pratique déjà instaurée au sein de la rédaction d’Anaïs Sorce : « On a mis en place un dialogue en demandant directement aux scientifiques : “ comment traiter cette info ? ”, “ quel sujet pouvez-vous nous proposer ? ”. Ce lien nous permet de travailler sur un temps plus long ». De leur côté, les journalistes pourraient se rendre directement dans les laboratoires (comme cela a pu être fait dans le cadre de la résidence croisée chercheurs-journalistes) afin de présenter la science telle qu’elle se réalise au jour le jour, à côté de chez soi, ce que propose Grégory Fléchet : « Le public doit se demander comment les chercheurs travaillent, et ça peut être notre rôle de montrer cela sous la forme de reportages d’immersion, par exemple ».

Les chargés et directeurs et directrices de communication dans les universités ou les laboratoires peuvent aussi soutenir des initiatives fructueuses, en établissant notamment des listes de chercheurs à contacter selon les thématiques des sujets que les journalistes souhaitent aborder. Cette pratique, déjà mise en place au CNRS, a reçu un accueil favorable, notamment auprès de l’équipe de Jean-François Gérard : « Cela crédibilise la fonction de vulgarisation et cela légitime le droit du chercheur à répondre puisqu’il se sent soutenu par son institution, ce qui est particulièrement important. ».

Les idées ne manquent donc pas pour faciliter le dialogue entre chercheurs et journalistes. Toutefois, la qualité de ce dialogue dépend avant tout de contacts répétés entre ces deux métiers, participant à une meilleure compréhension des professions de chacun et au partage d’une mission commune : favoriser la diffusion du savoir scientifique.

Un article rédigé par Étienne Richard,

assistant communication Pop’Sciences – 16 avril 2025

 

 

 

 

 

 

 

 

Sciences et BD à l’Université Lumière Lyon 2

SSciences et BD à l’Université Lumière Lyon 2

La BD est un outil puissant pour transmettre des idées, raconter des découvertes et susciter l’intérêt d’un large éventail de lecteurs. Mêlant narration et illustration, elle offre un moyen ludique et innovant de vulgariser des recherches complexes, permettant ainsi de mieux transmettre les savoirs.

L’Université Lumière Lyon 2, par le biais de sa Direction Sciences et Société, a collaboré avec l’Épicerie Séquentielle et des chercheurs et chercheuses pour rendre la science accessible grâce à la bande dessinée. Chaque projet résulte d’un travail collectif entre scientifiques, scénaristes et illustrateurs alliant rigueur scientifique, narration visuelle et accessibilité.

>> Découvrez les BD :

  • AUTODRIVE : une étude du lien entre l’humain, la machine et son impact sur le cerveau.

Coordonné par Jordan Navarro, chercheur en psychologie ergonomique et illustré par Bastien Castres.

  • DYSSUCCESS : présente un modèle pour anticiper la réussite scolaire des lycéens dyslexiques.

Coordonné par Eddy Cavalli, chercheur en sciences cognitives et illustré par Léonore Stuckens.

  • RECUPERTE : explore comment récupérer la chaleur des industries pour l’utiliser en énergie urbaine.

Coordonné par Laurence Rocher, chercheuse en urbanisme et illustré par Camille Mertz.

  • REFLECTOR : une étude sur comment le cerveau gère et conserve les informations en mémoire.

Coordonné par Gaën Plancher, chercheuse en psychologie cognitive, scénarisé par Damien Martinière et dessiné par Alexandra Lolivrel.

  • REMEMUS : explore comment le partage de la musique intensifie le plaisir de l’écoute.

Cordonné par Laura Ferreri, chercheuse en psychologie et Neurosciences cognitives, scénarisé par Tam Jouvray et illustré par KiWeen.

  • TRAPLANUM :  une étude du phénomène du micro-travail (ou « crowd-working ») sous l’angle de droit du travail.

Cordonné par Emmanuelle Mazuyer, chercheuse en droit, scénarisé par Benoît Connin et illustré par Marianne Tesseraud.

Pour en savoir plus, consultez le site de :

Université Lumière Lyon 2

 

Initiatives pour l’avenir des grands fleuves – IAGF

IInitiatives pour l’avenir des grands fleuves – IAGF

Le Rhône / ©Needpix.com

 

Initiative pour l’avenir des grands fleuves – IAGF – est une ONG internationale située à Lyon œuvrant pour l’avenir durable des fleuves, fondée par Erik Orsenna et la CNR – Compagnie nationale du Rhône –  en 2015, en amont de la COP 21.

C’est un collectif d’experts pluridisciplinaires, experts reconnus des sciences de la Terre et du Vivant, des sciences humaines et sociales, associés à des gestionnaires de bassin, des représentants des États, mais aussi des gestionnaires d’infrastructures hydroélectriques ou portuaires et professionnels du monde agricole ou industriel, qui propose un espace de dialogue international, ouvert aux parties prenantes, entre fleuves du monde entier.

Parce que les fleuves sont essentiels à la vie, car de leur bonne santé dépend l’avenir du vivant et de nos sociétés, et parce qu’ils sont particulièrement impactés, menacés par les effets du changement climatique et les activités humaines, IAGF partage cette vision pluridisciplinaire, systémique et équilibrée des enjeux et usages, pour un avenir durable des fleuves et de leurs écosystèmes.

Dans le cadre de son axe de sensibilisation auprès du public, IAGF produit un certain nombre de ressources sur les fleuves consultables en libre accès sur leur site, dont des informations sur le Rhône.

Publications IAGF

IAGF édite également un magazine  trimestriel, le MAG des FLEUVES, à consulter en ligne :

Le mag des fleuves

>> Pour en savoir plus sur :

IAGF

 

Santé[s], une vision globale | Pop’Sciences Mag#14

SSanté[s], une vision globale | Pop’Sciences Mag#14

©Visée.A

Le Pop’Sciences Mag#14  « Santé[s], une vision globale  » est en ligne !

Dans ce 14e numéro, Pop’Sciences Mag a décidé d’interroger la démarche One Health, Une seule santé, un concept qui reconnaît que les santés des humains, des animaux, des plantes et de l’environnement en général sont étroitement liées et interdépendantes.  De son principe à sa mise en pratique, comment ce concept peut-il dessiner la santé du futur ?

Avec les regards croisés d’historiens, épidémiologistes, politistes, cancérologues, sociologues… interrogeons-nous sur cette nouvelle manière de concevoir la santé.

Retrouvez des enquêtes, interviews et reportages-photos qui éclaireront cette problématique.

Au sommaire de ce numéro :

  • La santé : un concept pluriel ?
  • HISTOIRE : D’Hippocrate à One Health : quand la médecine intègre l’environnement
  • ENVIRONNEMENT : Une exposition permanente à des éléments toxiques
  • ÉPIDÉMIOLOGIE : Surveiller les santés humaine et animale interdépendantes
  • PRATIQUES : One Health et politiques publiques : comment concrétiser cet enjeu de santé mondiale ?
  • ALIMENTATION : Repenser notre système agroalimentaire de la fourche à la fourchette
  • La parole aux chercheurs : Faire « One Health » : créer les conditions de l’émergence !
  • La parole aux chercheurs : One Health sur le terrain anthropologique

 

>> Pour découvrir les articles du magazine :

POP’SCIENCES MAG#14

 

>> Pour télécharger la version en pdf :

©Visée.A

Le Pop’Sciences Mag #14 « Santé[s], une vision globale » a été :

  • Réalisé grâce à la contribution de chercheurs issus des établissements et instituts suivants : Université Claude Bernard Lyon 1, Université Lumière Lyon 2, Université Jean Moulin Lyon 3, Université Jean Monnet Saint-Étienne, Université Grenoble-Alpes, École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon), Institut national des sciences appliquées Lyon (INSA Lyon), VetAgro Sup, École nationale des travaux publics de l’État (ENTPE), École nationale supérieure d’architecture de Lyon (ENSAL), Mines Saint-Étienne, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), Hospices civils de Lyon, Centre hospitalier universitaire de Saint-Étienne, Centre Léon Bérard.
  • Développé avec le soutien de la Métropole de Lyon, de la Région AURA, du projet LYSiERES²– Sciences avec et pour la société, du projet SHAPE-Med@Lyon et de la CASDEN.