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Des constructions éco-touristiques en sac de terre

DDes constructions éco-touristiques en sac de terre

Maxime Feugier, Bastien Delaye et Lucas Gehin sont trois jeunes ingénieurs diplômés de l’INSA Lyon à l’origine du projet « Rewall ». Avec leur idée, lancée au sein de la filière d’entrepreneuriat étudiant de leur école, les trois jeunes ingénieurs souhaitent prouver que la construction peut allier esthétique, résistance et impact écologique positif à partir d’une idée née dans les années quatre-vingt : l’écodôme en Super Adobe. Ce type de construction bioclimatique sur mesure, couplée à un outil d’Intelligence Artificielle développé par leurs soins, pourrait déployer tout son potentiel.

©Rewall « Rewall One » : une habitation écologique et hors du commun, offre la possibilité d’accueillir deux personnes en autonomie totale sur le plan thermique et électrique. Avec ses 16m2, cet habitat dispose d’une kitchenette et d’une salle de bain.

De la terre et des déchets plastiques

C’est de l’esprit de Nader Khalili, architecte irano-américain, que la technique du Super Adobe est née : une construction en forme de calotte qui semble être tout droit sortie de la planète Tatooine dans Star Wars. Pourtant, sous ses allures de maison de hobbit, l’écodôme offre des possibilités architecturales infinies et une efficacité énergétique très performante. « Le Super Adobe consiste à empiler des sacs en polypropylène tissés remplis de terre et de déchets plastiques, en remplacement des parpaings. Empilés très rapidement et une fois enduits de chaux et de chanvre, ce type de construction présente des propriétés isolantes et mécaniques très intéressantes, avec une empreinte carbone très réduite », introduit Lucas Gehin. La forme conique assure à la construction une stabilité et une résistance capable de résister aux séismes et aux vents violents. Originellement développé pour les activités de la NASA, le Super Adobe pourrait même résister aux tempêtes de poussière lunaire. Quant à son efficacité énergétique, elle est sans appel. « Pour une surface de 20m2 construite en Super Adobe, on trouve une moyenne de 22 degrés de température en été, pour 35 fois moins de Co2 émis par rapport à une construction en béton », ajoute l’ingénieur. Face à ce constat, le groupe engagé dans le projet « Rewall » a vu une occasion concrète de faire rimer « génie civil » et « environnement ». Mais comment tirer parti de l’impact positif de cette technique capable d’allier esthétique, résistance et réutilisation des déchets ?

(…)

>> Lire la suite de l’article sur le site :

Insa Lyon

Futourisme | A quoi ressembleront nos vacances en 2050 ?

FFutourisme | A quoi ressembleront nos vacances en 2050 ?

À quoi ressembleront vos vacances en 2050 ? Partirez-vous toujours à la montagne ? Pourrez-vous y profiter des sports d’hiver ? Futourisme c’est le webdocumentaire interactif qui imagine et nous invite à réfléchir à l’avenir du tourisme en région Auvergne-Rhône-Alpes. Visionnez le futur comme vous ne l’avez jamais vu !

Futourisme : un projet de design fiction* et de médiation scientifique consacré à l’avenir du tourisme en région Auvergne-Rhône-Alpes

Secteur économique fondamental pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, le tourisme repose sur un modèle hérité de la seconde moitié du XXe siècle en voie d’obsolescence. La crise écologique autant que l’évolution des pratiques sociales poussent les acteurs locaux, mais aussi les chercheurs, les citoyens et les collectivités à réfléchir à l’évolution du tourisme.

Dans ce contexte, les universités régionales (COMUE de Université Clermont Auvergne, Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont Blanc, Université de Lyon) ont souhaité construire ensemble un ambitieux programme de culture scientifique pour répondre à la question suivante : comment les chercheurs et les experts préparent-ils l’avenir du secteur touristique dans la région ?

Cette série webdocumentaire en 4 épisodes est l’aboutissement d’un processus collectif inédit, initié en septembre 2021 et dont les épisodes sortiront au fil de l’année 2022.

En vous souhaitant un bon voyage sur la plateforme Futourisme !

Futourisme

 

* Design fiction : méthode d’exploration du futur, qui confronte différentes hypothèses d’évolution de la société et des tendances

LListe des épisodes :

  • Futourisme – épisode 1 : La montagne

Comment passerons-nous d’un tourisme de masse à un tourisme plus responsable et durable ? Quelles seront les nouvelles formes du tourisme en montagne face à la diminution de la neige et à la baisse d’intérêt pour le ski alpin ?

>> Découvrez l’épisode 1 :

Épisode 1

  • Futourisme – épisode 2 : Tourisme mémoriel 

Balades sur les plages du débarquement, visites guidées de mémoriaux comme celui d’Auschwitz, musées de la résistance…. Étiquetées « tourisme mémoriel », ces offres qui consistent à mettre en avant le patrimoine historique – souvent traumatique – d’un lieu sont de plus en plus nombreuses et variées. Elles s’enrichissent et évoluent au fil des années pour proposer, au-delà du devoir de mémoire, des clés de compréhension du monde dans lequel nous vivons.

A quoi ressembleront ces visites en 2050 ? Entre récit fictionnel et interventions d’experts dans cette thématique, le 2e épisode « Tourisme mémoriel » de Futourisme vous invite à voyager dans le temps et explorer le tourisme mémoriel du futur.

>> Découvrez l’épisode 2 :

épisode 2

  • Futourisme – épisode 3 : Tourisme patrimonial et culturel

Qu’en est-il du tourisme patrimonial et culturel en 2050 ?

Les politiques liées à son développement ont dû être pleinement repensées depuis 2020… Je ne vous rappellerai pas le contexte de l’époque, tout le monde, même les plus jeunes parmi nous, sait parfaitement à quels bouleversements notre société a été confrontée… Le patrimoine en est insensiblement venu à être considéré comme une façon opportune de créer du lien et surtout une identité forte entre les habitants d’un même terroir, d’une même communauté urbaine, d’un même territoire naturel. Mon travail m’amène à collaborer avec de nombreux scientifiques qui, par les enquêtes, les questionnaires, les entretiens qu’ils ont l’occasion de mener auprès de la population, nous permettent d’infuser aux élus les tendances de terrain en train d’émerger.

>> Découvrez l’épisode 3 :

épisode 3

  • Futourisme – épisode 4 : Nouvelle économie touristique

2050… Les exigences environnementales ont su faire évoluer l’économie touristique. Le vouloir « voyager mieux » s’impose, petit à petit. Mais l’écosophie appliquée au tourisme n’en est encore qu’à ses balbutiements, beaucoup reste à faire et à imaginer pour désindustrialiser le tourisme mondial, l’orienter vers des modèles plus responsables et respectueux du monde dans lequel nous vivons. Portraits de certains de ces acteurs qui ont choisi de donner un nouvel élan au secteur touristique…

>> Découvrez l’épisode 4 :

ÉPISODE 4

 

Le projet Futourisme est soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il a été porté conjointement par les universités de Clermont – Auvergne, Grenoble – Alpes, Savoie Mont-Blanc et Lyon.

Risque climatique : quel avenir pour nos montagnes ?

RRisque climatique : quel avenir pour nos montagnes ?

Le territoire de montagne est en première ligne face au changement climatique. “Sentinelle” des effets de celui-ci, il est le témoin des changements à venir : la hausse des températures y est deux fois plus importante que la moyenne nationale.

Si les risques climatiques ont des effets sur la vie économique et sociale de ses populations, ils constituent une menace pour ses habitats naturels. Le cas le plus emblématique concerne les activités de tourisme hivernal qui sont menacées par le changement climatique alors qu’elles constituent une source primordiale de revenu pour ses habitants.
Nouveau mal des montagnes, ce phénomène nous oblige donc à repenser notre manière d’habiter la montagne.

Organisée par : Master 2 des risques environnementaux (Universités Lumière Lyon 2 et Jean Moulin Lyon 3, École Centrale de Lyon, ENTPE).

Pour en savoir plus :

Risque climatique

PPour aller plus loin

Avenir du tourisme en Auvergne-Rhône-Alpes

AAvenir du tourisme en Auvergne-Rhône-Alpes

Le réseau université et société regroupant les 4 établissements d’enseignement supérieur et de recherche de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lance un projet pédagogique innovant et la création d’une série web-documentaire sur l’avenir du tourisme en région.

Plus d’informations sur le projet « Nouveaux tourismes en Auvergne-Rhône-Alpes »

L’École d’hiver regroupe près de 25 étudiants de masters de la région, mobilisés sur le projet, ainsi que des universitaires et des professionnels du secteur. L’événement se veut une expérience créative pour imaginer ensemble l’avenir du tourisme, et participer à la scénarisation d’un web-documentaire qui tâchera de déterminer : Quel avenir pour le secteur touristique de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’horizon 2050 ?

Pour répondre à cette problématique, les réflexions s’articulent autour de 4 thématiques :

  • Le tourisme mémoriel et la mise en récit des patrimoines, des sites historiques, des conflits et des relations histoire/territoires.
  • L’inévitable mutation du tourisme en montagne, des pratiques d’altitude et de l’économie locale.
  • La nouvelle économie touristique et le passage d’une logique industrielle à une nouvelle, plus responsable et durable.
  • Le tourisme culturel et patrimonial et l’opportunité de réinventer un tourisme impactant pour les territoires, qui valorise un historique méconnu, génère de nouveaux revenus et nourrit le sentiment d’appartenance des populations.

PProgramme

Jour 1 – Rencontres, réflexions et cartographie

Jour 2 – Imagination, création et mise en récit

Jour 3 – Débats, scénarisation et restitution

Téléchargez le programme détaillé


IInscriptions

Ecole d'hiver | Avenir du tourisme en Auvergne-Rhône-Alpes
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Scénarios pour le tourisme d’altitude de 2050

SScénarios pour le tourisme d’altitude de 2050

Projetez-vous dans le futur d’une montagne à +2°C, où l’enneigement s’amenuise, et qui réinvente son rapport au tourisme.

Anne Galienne et Laureline Chopard (agence Poprock) présentent certains résultats d’un travail de design fiction réalisé dans le cadre de la revue « Les Passeurs », pour imaginer ce que l’évolution de l’enneigement des domaines skiables changera pour l’aménagement du territoire et la vie en montagne. Chacun des trois scénarios sélectionnés est analysé et commenté :
  • La fin du tout skiLoïc Giaccone, journaliste environnement/science spécialisé montagne et adaptation au changement climatique ;
  • Les mobilités d’altitudes réinventéesÉtienne Faugier, historien, spécialiste des mobilités et du tourisme / Université Lumière Lyon 2, laboratoire d’études rurales ;
  • Le droit pour sauver l’environnement de montagneIsabelle Michallet, juriste en droit de l’environnement / Université Jean Moulin Lyon 3, laboratoire environnement – ville – société.

Pop’Sciences Forum, enregistré le 3 juin 2021 dans les jardins des Musées Gadagne.

 

Le tourisme rattrapé par son gigantisme

LLe tourisme rattrapé par son gigantisme

Jamais le tourisme n’aurait pu autant éprouver l’expérience d’une introspection profonde sans la crise sanitaire, sociale et économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Quels sont les scénarios d’un tourisme réinventé et les nouveaux imaginaires qui lui sont associés ?

1er juin 2021

Par Samuel Belaud, rédacteur en chef Pop’Sciences Mag

Téléchargez le magazine complet en .pdf

©Visée-A

Le tourisme s’est industrialisé en rendant abordables et accueillantes des destinations aménagées, par et pour ce secteur économique. Cette démocratisation du tourisme a aussi été rendue possible en levant les barrières à la circulation et en dérégulant le secteur de l’aérien (dans les années 1970 aux États-Unis, puis 1990 en Europe)[1] avec l’irruption des compagnies low cost qui ont popularisé un moyen de transport auparavant très cher et donc socialement discriminant. Enfin, le succès du tourisme industrialisé s’explique aussi par le fait que les expériences de l’ailleurs ont été sécurisées : du départ jusqu’au retour au bercail, les opérateurs touristiques ont le souci du confort des touristes qu’ils accueillent. À tel point que la fluidité et la sûreté du voyage ont fini par primer sur l’effet de surprise et l’inattendu.

LLe monde à nos pieds

L’objectif depuis le début des « Trente Glorieuses » a donc été d’encourager à toujours plus voyager. En mobilisant de puissants imaginaires associés à l’exotisme, la parenthèse enchantée, la déconnexion, ou encore l’expérience originale, nous nous sommes accoutumés à ce tourisme, intensif certes, mais un tourisme qui nous fait du bien et que nous cherchons à pratiquer dès que l’occasion se présente. Nous prenons, d’ailleurs, autant de plaisir à concrétiser un projet de voyage qu’à le fantasmer. Autrement dit, nous avons développé une dépendance vis-à-vis du tourisme, à tel point qu’une part importante de notre temps libre est dédiée à sa consommation. En devenant désirable et incontournable, la machinerie touristique moderne n’était donc plus seulement alimentée par notre soif de découvrir quelque part, mais aussi la crainte de rater quelque chose. Nous serions devenus les sujets d’un tourisme industrialisé et ordonné de sorte qu’il rend le monde disponible, chaque recoin pouvant être facilement visité et connu.

LL’arroseur arrosé

Cet accroissement de la pression touristique sur le monde ne pouvait pas continuer éternellement sans conséquence. Ainsi, les années 2000 ont vu de plus en plus de voyageurs affluer vers des destinations qui ne parvenaient plus à faire face à leur popularité, c’est le surtourisme contre lequel les populations de certaines villes se sont levées à Barcelone ou Venise, par exemple. Des villes en crise d’identité, mais qui se demandent à quel point elles pourraient se détourner d’une source de revenus aussi importante. Du reste, la facture écologique de ce tourisme industrialisé se révèle très salée au fur et à mesure que des études scientifiques pointent le lourd bilan carbone du secteur.

C’est finalement la pandémie mondiale de Covid-19 qui a mis à terre le tourisme international, révélant au passage un paradoxe majeur d’un secteur économique qui, fort de sa capacité à faire massivement traverser les frontières, a lui-même participé à disséminer le virus qui a fini par l’étouffer. Jamais le tourisme n’aurait pu autant éprouver l’expérience d’une introspection profonde sans cette crise sanitaire – et ce magazine esquisse les scénarios d’un tourisme réinventé et les nouveaux imaginaires qui lui sont associés. Est-ce possible de baisser en intensité et de voyager de manière responsable ? Allons-nous réduire les frontières de l’exotisme et de l’aventure en bas de chez nous ? Comment anticiper les conséquences que le surtourisme et le réchauffement climatique auront sur les destinations touristiques sensibles ? La montagne en particulier, doit-elle se sortir du filon de l’or blanc et du tout-ski ?

56 pages pour concevoir le tourisme que nous souhaitons voir se développer et le touriste que nous imaginons devenir


[1] Voir à ce propos l’article « Le low cost dans le secteur aérien », rédigé par Louis-Marie Barnier, Chloé Calame et Jean Vandewattyne, dans La nouvelle revue du travail en 2018 : https://journals.openedition.org/nrt/3527


 

Tourisme : vers de nouveaux imaginaires

TTourisme : vers de nouveaux imaginaires

Pop’Sciences mobilise nos imaginaires et dessine les contours du tourisme post Covid-19, avec un nouveau numéro de Pop’Sciences Mag !

Avant 2020, rien ne semblait pouvoir arrêter l’expansion du secteur touristique, première industrie mondiale avec 10% du PIB mondial et 1 emploi sur 10. Pourtant la crise sanitaire mondiale a terminé d’achever le modèle, jusque-là dominant, du tourisme de masse. Le secteur doit désormais se réorganiser en considérant sa fragilité vis-à-vis des crises sanitaires ou sécuritaires, mais également les contraintes environnementales que la transition écologique lui impose.

Pop’Sciences Mag, interroge le devenir du voyage et esquisse les scénarios d’un tourisme qui tourne la page de la surabondance et de l’artificiel. Les regards de scientifiques, de militants et d’opérateurs touristiques se croisent tout au long de ce magazine pour étudier à quoi ressembleront les pratiques et les paysages touristiques de demain.

56 pages pour concevoir le tourisme que nous souhaitons voir se développer et le touriste que nous imaginons devenir

Tourisme : 182 ans de photographie au service de l’ailleurs

TTourisme : 182 ans de photographie au service de l’ailleurs

Même si une image photographique peut tout à fait « mentir », on pense souvent qu’elle rend mieux compte de la réalité qu’un dessin ou un texte. Ainsi, parce que les photos sont censées « capturer » le réel, elles ont joué un rôle considérable dans l’élaboration des représentations de l’ailleurs. Si ce rapport au vrai traverse l’histoire de la photographie, la contribution de ces dernières à l’ailleurs touristique doit être analysée à l’aune des techniques disponibles.

1er juin 2021

Un article de Ludovic Viévard, avec le soutien de l’agence Visée.A, paru dans le 8e numéro de Pop’Sciences Mag : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

Pour aller plus loin : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

Ausculter la relation de l’homme à son environnement depuis les refuges

AAusculter la relation de l’homme à son environnement depuis les refuges

Les refuges du massif des Écrins se muent chaque été en véritables laboratoires d’étude des transformations du milieu naturel et des activités humaines en haute montagne. Baptisée RefLab cette initiative forme l’un des maillons du programme de recherche national Sentinelles des Alpes*.

©Boris Baldinger

1er juin 2021

Un article de Grégory Fléchet, paru dans le 8e numéro de Pop’Sciences Mag : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

Perchés à plus de 2000 mètres d’altitude, les refuges de haute montagne sont des points d’observation stratégiques des changements climatiques qui affectent plus intensément ces régions. Parce qu’ils sont implantés au carrefour des itinéraires de grande randonnée, ces lieux d’accueil constituent par ailleurs des sites privilégiés pour étudier l’évolution des pratiques touristiques et de loisirs en montagne. C’est à l’appui de ce double constat que le programme de recherche « Refuges sentinelles de haute-montagne » RefLab a vu le jour en 2017. Piloté par le Laboratoire d’excellence Innovation et transitions territoriales en montagne (LabEx Ittem)** et le parc national des Écrins, ce projet scientifique réunit les seize refuges du massif des Écrins auxquels viendront bientôt s’ajouter cinq refuges du massif du Mont-Blanc. « Le rôle structurant des refuges dans la fréquentation touristique des zones de montagne peu aménagées n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années », souligne Philippe Bourdeau, coordinateur du programme RefLab. Associés au projet sur la base du volontariat, les gardiens et gardiennes des refuges partenaires sont au cœur de ce dispositif. En lien avec les chercheurs du LabEx Ittem, ils participent à la construction des protocoles scientifiques selon leurs motivations et leur disponibilité.

Des pièges photo pour étudier la pratique du bivouac

Cette collaboration pour le moins inhabituelle s’est fixée des objectifs ambitieux : croiser l’observation et l’étude des fréquentations et des pratiques touristiques et sportives avec des disciplines comme la météorologie, la climatologie, la biodiversité, et la géomorphologie. « Ces axes de recherche sont mis en œuvre par le biais d’enquêtes, la collecte in situ de données quantitatives et qualitatives ou des ateliers collaboratifs, détaille Philippe Bourdeau. À la fin de la saison touristique un débriefing interprofessionnel permet ensuite de mutualiser les observations de terrain et de croiser le regard des chercheurs avec celui des parties prenantes. » Pour mener ces investigations plusieurs refuges du programme RefLab disposent de petites stations météo. La fréquentation de ces lieux d’accueil est en outre mesurée à l’aide d’éco-compteurs. Plus récemment, des pièges photographiques ont même été installés aux abords de certains refuges pour étudier la pratique du bivouac.

« Après la levée du premier confinement, au printemps 2020, nous avons assisté à une recrudescence du phénomène à proximité immédiate des refuges. Les pièges photo vont nous permettre de vérifier si cet attrait pour le bivouac perdure au fil du temps tout en essayant de mieux cerner sa saisonnalité », explique Philippe Bourdeau. Afin de poursuivre cette analyse du point de vue des adeptes du bivouac, une enquête en immersion sera réalisée tout au long de l’été 2021. Menée à proximité des refuges et de certains sites isolés du parc national des Écrins, cette enquête devrait contribuer à mieux caractériser la dimension socio-démographique d’une pratique amenée à devenir une composante à part entière de la fréquentation de la haute montagne.

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* > Sentinelles des Alpes est un projet d’élaboration, de partage et d’intégration des dispositifs d’observation des relations climat-homme-biodiversité à l’échelle du massif alpin français. Il est coordonné par la Zone Atelier Alpes du CNRS, en tant qu’infrastructure de recherche pluridisciplinaire sur les socioécosystèmes http://www.za-alpes.org/-Sentinelles-des-Alpes-58

** > Basé à Grenoble, le Labex ITTEM fédère des chercheuses et des chercheurs issus de neuf laboratoires en sciences humaines et sociales. Encourageant une approche globale, il accompagne l’action publique en montagne par des projets construits avec les actrices et acteurs des territoires, dans une perspective de développement soutenable.

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Pour aller plus loin : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

Le tourisme intégré, une idée qui voyage

LLe tourisme intégré, une idée qui voyage

Le terme « tourisme intégré » désigne à l’origine une offre touristique pensée pour permettre à la population locale d’être actrice et maître d’œuvre.

1er juin 2021

Un article de Cléo Schweyer, paru dans le 8e numéro de Pop’Sciences Mag : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES

 

Le tourisme intégré est aujourd’hui une stratégie de développement territorial mise en œuvre par des territoires comme le Massif du Puiy de sancy. Ici : le Mont-Dore.
©DR – Wikimédia commons

Des expériences fondatrices sont conduites dès les années 1960 au Sénégal, par le développement de camps gérés selon les traditions et les rythmes saisonniers locaux. Les bénéfices qui en découlent sont affectés au développement communautaire par un système bancaire local. Pour Bernard Schéou (voir l’article « Face au tourisme prédateur, la revanche du terrain« ), ce type d’organisation est la seule qui rende envisageable un tourisme non prédateur, équitable et soutenable.

Comme l’ont montré de nombreux travaux, les formules touristiques présentées comme nouvelles et alternatives, synthétisées par des expressions renvoyant à des valeurs (tourisme dit lent, culturel, de nature, durable, écotourisme, etc.), ne sont pas moins prédatrices que le tourisme dit de masse. Déjà parce qu’elles dépendent en général d’infrastructures lourdes et d’entreprises mises en place dans le cadre du tourisme standardisé. Ensuite, car elles procèdent de la commercialisation des espaces et des cultures. Même la création de parcs et réserves naturelles, considérée comme vertueuse par excellence dans les pays dits développés, est en général perçue comme une dépossession par les populations locales. Déclaré « bien commun de l’humanité », des ressources naturelles revêtant souvent une valeur spirituelle sont ainsi livrées aux visiteurs étrangers.

Remettre le tourisme à sa juste place

Derrière le concept de tourisme intégré, il y a donc la volonté d’une activité touristique remise à sa juste place, à égalité avec les autres activités économiques permettant à une communauté humaine donnée de vivre et se développer. Le tourisme est alors pensé à partir des ressources naturelles et des infrastructures locales, plutôt qu’à partir de normes exogènes qu’il s’agirait d’atteindre.

Porté à l’origine par le monde militant, notamment des acteurs de la coopération internationale dans la période postcoloniale, le tourisme intégré est aujourd’hui une stratégie de développement territorial mise en œuvre par des territoires souhaitant concilier protection de leurs ressources naturelles, bien-être de leurs habitants et maintien d’une activité touristique sur laquelle repose la prospérité de nombreuses régions européennes. Il fait l’objet de plusieurs programmes de recherche en France, notamment dans les zones rurales et montagneuses de d’Auvergne-Rhône-Alpes : programmes MODINTOUR à Clermont-Ferrand ou TANDEM à Grenoble, par exemple.

Le tourisme intégré se prête en effet particulièrement bien au développement ou la reconversion de zones rurales, en permettant à des acteurs économiques locaux, agriculteurs notamment, de valoriser leurs produits par le tourisme et diversifier leurs sources de revenus, notamment via un usage récréatif de leurs terres ou en proposant un hébergement. Outre cette notion de complémentarité, l’ancrage dans la population est recherché : participation des habitants et maximisation des retombées positives. Enfin, une troisième dimension du tourisme intégré est la gouvernance, qui vise à une administration collective du secteur touristique.

Pour aller plus loin : TOURISME. VERS DE NOUVEAUX IMAGINAIRES